Les journalistes plus âgés se souviendront de la campagne amorcée par la Fédération professionnelle des journalistes (FPJQ) contre la convergence médiatique. C’était au début du nouveau siècle, une ère de changements structurels dans le cheminement du journalisme et surtout des différentes plateformes qui le véhicule.
La FPJQ s’en prenait spécifiquement à la grosse machine Québecor qui poursuivait sa montée vers la gestion intégrée de ses avoirs combinant la radio, la télévision et les journaux. Il s’agissait ni plus ni moins que le début d’un contrôle de l’information que voulait freiner l’association professionnelle des journalistes.
Toujours plus loin
On se rend compte, vingt ans plus tard, que loin d’être parvenu à freiner l’élan d’unification des forces médiatiques, Québecor ( qui avait déjà montré son intérêt pour acquérir les journaux de Capitales Medias en 2019 ) poursuit sur sa lancée. Profitant des rumeurs de difficultés financières touchant la Coopérative nationale de l’information (CN2i)qui regroupe six quotidiens, dont celui du Saguenay-Lac-Saint-Jean, Québecor revient à la charge. Fin janvier la CN2i annonçait que tous ces journaux seraient intégrés au journal La Presse, seule entité du groupe Gesca transformée en OSBL en 2018.
Québecor considère qu’elle aurait dû faire partie des discussions. Elle vient de faire parvenir une lettre à tous les employés de ces journaux régionaux.
Concentration de la presse
Tout comme en 2019, l’offre de Québecor d’intégrer les journaux de la CN2i soulève la délicate question de la concentration de la presse au Québec. Dans le contexte actuel de cette guerre commerciale avec les États-Unis, on voit trop bien comment une telle concentration pourrait contrôler les messages et mettre à mal jusqu’à la liberté de presse.
Comme le fait valoir le chef de la direction, Pierre Karl Péladeau, il n’y a pas beaucoup d’alternatives pour assurer la survie de ces journaux, épine dorsale de l’information régionale. En 2009, prélude à la fermeture du journal Le Réveil, PK Péladeau était de passage dans le bureau du maire Jean Tremblay où j’assistais, médusé, à ses prédictions pour l’avenir des journaux papier. C’était la mort annoncée de tous les imprimés. Il a eu en partie raison, mais curieusement les siens, le Journal de Montréal, le Journal de Québec et même le Devoir ( qu’il soutient indirectement en l’imprimant ) sont encore livrés, avec beaucoup de succès, sur la plateforme papier.
Intégration inévitable
La solution la plus acceptable, sur les plans politique et moral, demeure l’intégration des journaux régionaux au journal La Presse. Mais l’intégration ne représente pas une garantie de réussite et surtout, comme on l’a vu pour TVA, beaucoup de salariés perdront leur emploi dans la transaction.
Si quelques postes de journalistes en région peuvent se justifier, il en est autrement du personnel de l’administration, des ventes et du marketing. Sur les 250 employés, une centaine garderont leur emploi…mais pour combien de temps?
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