Nous utilisons des cookies pour vous aider à naviguer efficacement et à exécuter certaines fonctionnalités. Vous trouverez des informations détaillées sur tous les cookies sous chaque catégorie de consentement ci-dessous.
Les cookies qui sont catégorisés comme « nécessaires » sont stockés sur votre navigateur car ils sont essentiels pour permettre les fonctionnalités de base du site. ...
Les cookies nécessaires sont cruciaux pour les fonctions de base du site Web et celui-ci ne fonctionnera pas comme prévu sans eux. Ces cookies ne stockent aucune donnée personnellement identifiable.
Les cookies fonctionnels permettent d'exécuter certaines fonctionnalités telles que le partage du contenu du site Web sur des plateformes de médias sociaux, la collecte de commentaires et d'autres fonctionnalités tierces.
Les cookies analytiques sont utilisés pour comprendre comment les visiteurs interagissent avec le site Web. Ces cookies aident à fournir des informations sur le nombre de visiteurs, le taux de rebond, la source de trafic, etc.
Les cookies de performance sont utilisés pour comprendre et analyser les indices de performance clés du site Web, ce qui permet de fournir une meilleure expérience utilisateur aux visiteurs.
Les cookies de publicité sont utilisés pour fournir aux visiteurs des publicités personnalisées basées sur les pages visitées précédemment et analyser l'efficacité de la campagne publicitaire.
Si vous croyez que les coûts de construction sont trop élevés, vous devrez vous adapter à cette nouvelle réalité, car les coûts seront encore à la hausse en 2025, car une tempête parfaite vient de se lever.
D’emblée, la renégociation des conventions collectives fera grimper le coût de la main-d’œuvre de manière importante. Avec les menaces de tarifs douaniers qui risquent de faire augmenter le coût des matériaux, tous les ingrédients sont en place pour voir une forte inflation dans les coûts de construction au Québec. Les conventions collectives des travailleurs de l’industrie de la construction viennent à échéance le 30 avril 2025. L’Alliance syndicale de la construction, qui regroupe les cinq syndicats de l’industrie, demande un important rattrapage salarial, avec une hausse de 18 % en 2025, suivi de 3% par année pour les trois années suivantes.
Pourquoi une telle hausse? Parce que les travailleurs n’ont pas eu d’ajustement salarial supplémentaire en 2022, lorsque l’inflation a atteint 6,8 %. Une demande avait été faite de rouvrir les conventions pour obtenir une augmentation salariale ponctuelle, mais la partie patronale avait refusé. Pour l’instant, les parties syndicales et patronales ne veulent pas commenter la situation, car la négociation va bien.
Selon un entrepreneur en construction, qui préfère garder l’anonymat, les négociations pointent vers une hausse des salaires de 18 % sur trois ans, dont une hausse de 12 % en 2025. «Selon certains, ce pourcentage est très conservateur et ça pourrait être plus apparemment», dit-il. Cette hausse aura assurément un impact sur le prix des maisons. Il faut prévoir une hausse d’au moins 15 000 dollars sur le prix de construction d’une maison moyenne (environ 1000 pieds carrés sur un étage) à Saguenay, qui coûte déjà 400 000 dollars, en excluant le prix du terrain, soutient l’entrepreneur.
«Ça commence à nous inquiéter un peu, parce que si on ajoute les incertitudes liées à la hausse importante des matériaux, ça va assurément faire reculer des projets», dit-il. L’Alliance syndicale de la construction demande une hausse de salaire de 18% en 2025, et de 3% par année pour les trois années suivantes.
Un entrepreneur en construction du Lac-Saint-Jean ne s’inquiète pas outre mesure de la hausse du coût de la main-d’œuvre. «On investit dans les technologies de construction qui nécessitent moins de main-d’œuvre», soutient-il, précisant qu’elle représente 20 % de ses coûts. Selon ce dernier, les entreprises en construction doivent se moderniser pour limiter leur exposition au coût de la main-d’œuvre.
Même son de cloche à Québec
Samuel Boiteau, qui est à la tête de Beaubois Construction, estime que la hausse de salaire sera de 8 à 10 % en 2025. «J’ai déjà augmenté mes prix de 8% pour les maisons que je vais livrer à compter du mois d’août», dit-il, en prévision des hausses de salaire. Ce pourcentage sera ajusté en fonction des hausses de salaires accordés, car l’entreprise n’a pas le choix de refiler une partie du coût à ses clients.
«La main-d’œuvre représente 40 à 50 % de la job, alors c’est sur que ça va paraître sur le prix final», remarque l’entrepreneur, qui compte sur une cinquantaine d’employés et plusieurs sous-traitants pour livrer une centaine de maisons chaque année.
À Québec, le coût de la maison unifamiliale la moins chère offerte par Beaubois construction devrait ainsi passer de 500 000 à 540 000 dollars, alors que le jumelé passera de 400 000 à 432 000 dollars. «Ça ne m’inquiète pas trop pour l’instant parce que le marché est très bon à Québec et il n’y a pas beaucoup de maisons usagées à vendre», note Samuel Boiteau.
Les grands chantiers aussi touchés
Les grands chantiers n’échapperont pas à la hausse du coût de la main-d’œuvre, qui représente près de 50 % des coûts totaux sur plusieurs grands chantiers publics, soutient André Lavoie, membre du conseil d’administration et économiste de la construction certifié de l’Association des estimateurs et des économistes de la construction du Québec (AEÉCQ). «Les travailleurs de la construction au Québec souhaitent rattraper l’écart de salaire avec l’Ontario, mais on ne connaît pas encore l’ampleur de la hausse à venir», dit-il.
L’impact des tarifs sur les matériaux
Au cours des derniers mois, Samuel Boiteau a constaté une baisse du prix du bois et du contreplaqué. «On voit des baisses en ce moment, mais c’est dur à gérer depuis la COVID, parce que c’est une vraie boîte à surprise», dit-il. La confirmation de tarifs douaniers de 25% laisse toutefois présager que le coût de plusieurs matériaux grimpera. Éric Côté, PDG de la Corporation des entrepreneurs généraux du Québec, voit une tempête parfaite s’installer avec l’instabilité politique depuis l’élection de Donald Trump. « L’annonce des tarifs est une bien mauvaise nouvelle, mais on doit garder la tête froide en prenant de bonnes décisions », dit-il.
Les tarifs imposés par Donald Trump auront des impacts sur le coût de certains matériaux qui voyage de part et d’autre de la frontière, comme c’est le cas de l’aluminium. Toutefois, une baisse de la demande d’aluminium aux États-Unis pourrait faire baisser les prix sur le marché mondial. Dans le cas du bois d’œuvre, chaque hausse de tarifs a fait augmenter le prix du bois, pour le plus grand bonheur des producteurs américains. Tout indique que les prix du bois augmenteront sur le marché nord-américain.
« On ne connaît pas encore quels seront les effets collatéraux des tarifs américains et on ne sait pas encore quels seront les contre tarifs imposés par le gouvernement canadien », remarque Éric Côté. « Les premières victimes sont les consommateurs américains qui vont payer leurs produits plus chers, mais ça risque d’avoir un effet inflationniste chez nous aussi ».
André Lavoie croit qu’il faudra attendre quelques semaines, voire quelques mois avant d’avoir une bonne lecture de la situation. « On doit analyser ce qui est fabriqué chez nous et qui pourrait échapper aux tarifs », dit-il. C’est d’ailleurs la tâche que s’est donnée un groupe formé d’entrepreneurs, d’architecte, d’ingénieurs, d’économistes et autres professionnels du milieu de la construction, en créant une cellule de crise multidisciplinaire. « On veut identifier les alternatives pour trouver des solutions et réfléchir ensemble pour profiter des opportunités », note Éric Côté. De plus, il faut regarder le poids relatif des matériaux dans un bâtiment avant de paniquer, soutient André Lavoie.
À court terme, il croit qu’une hausse des coûts est fort probable, mais qu’il faut tirer profit de la situation pour investir dans les infrastructures québécoises, notamment dans le logement. « Qu’est-ce qui nous empêche de profiter de la situation pour en faire une opportunité », demande ce dernier. L’industrie de la construction doit profiter de la crise pour repenser le modèle, en misant davantage sur la préfabrication en usine, conclut-il.
Si la hausse des coûts de matériaux se concrétise, le prix des maisons grimpera encore plus que ce qui était estimé par les entrepreneurs. L’inflation dans le monde de la construction pourrait forcer les gouvernements à faire des choix déchirants, car il faudrait augmenter considérablement les budgets de plusieurs chantiers pour les mener à terme.
(418) 546-2525
ckaj@ckaj.org