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Diminution des seuils d’immigration

Yohann Harvey Simard - Journaliste de l’Initiative de journalisme local - En collaboration avec Trium Média
20 Décembre, 2025
Plusieurs PME du Saguenay–Lac-Saint-Jean sont appelées à perdre une partie de leur main-d’œuvre issue de l’étranger en raison des nouvelles politiques en immigration. (Photo : Yohann Harvey Simard / Trium Médias)

De vives craintes dans la MRC de Lac-Saint-Jean-Est

Les effets de la réduction des seuils d’immigration par Ottawa, et dans une moindre mesure par Québec, commencent déjà à se faire sentir dans la MRC de Lac-Saint-Jean-Est. Et le pire est à venir, croient plusieurs acteurs politiques et industriels de la région.

Il y a un mois, le gouvernement fédéral présentait dans son budget les grandes lignes de son Plan des niveaux d’immigration 2026-2028. Celui-ci vise essentiellement à réduire le nombre de résidents temporaires et à stabiliser les seuils d’immigration permanente, déjà abaissés l’an dernier.

Le nouveau plan abaissera presque de moitié le quota annuel d’admission des résidents temporaires, qu’ils soient travailleurs ou étudiants, en établissant la cible à 385 000 en 2026, comparativement à 673 650 en 2025. Ce seuil diminuera ensuite à 370 000 pour 2027 et 2028, alors que le plan présenté l’an dernier fixait la cible à 543 000 pour 2027, rappelait récemment le quotidien Le Devoir.

En ce qui concerne les résidents permanents, Ottawa maintiendra les cibles à 380 000 par année pendant trois ans, une légère baisse par rapport à 2025, où elles s’élevaient à 395 000. En contrepartie, le gouvernement fédéral prévoit d’accorder la résidence permanente à une plus grande proportion de migrants économiques, soit 64 % d’entre eux plutôt que 59 %.

Des efforts en vain?

Dans ce contexte, Louis Leclerc, conseiller municipal à Alma et directeur Qualité et amélioration continue chez Constructions Proco, souligne que « de nombreuses entreprises du Saguenay–Lac-Saint-Jean se sont organisées et ont beaucoup investi dans le recrutement de travailleurs temporaires à l’étranger — entre 12 000 $ et 15 000 $ par travailleur recruté — et pas parce que c’est de la main-d’œuvre moins chère, mais bien parce qu’il n’y en a pas, de main-d’œuvre ici ».

Avec le vieillissement de la population, « au Saguenay–Lac-Saint-Jean, la population active ne s’est pas renouvelée », faisant du recrutement à l’international une nécessité pour la région.

Plusieurs municipalités ont également investi dans le déploiement de stratégies d’attraction, de rétention et d’intégration des travailleurs étrangers. À ce titre, le maire de Métabetchouan–Lac-à-la-Croix, André Fortin, estime que la diminution des quotas d’immigration pourrait rendre ces efforts caducs.

« En tant que municipalité attrayante, on a investi pour les accueillir, on essaie de les introduire dans notre milieu. Puis là, ils vont partir. C’est comme si on avait mis de l’argent dans le vide, et c’est dommage parce que c’est l’argent de la population et on avait besoin de ces gens-là », déplore-t-il.

À cela, Louis Leclerc ajoute que « ce ne sont pas des gens qui sont arrivés de nulle part. On a choisi les meilleurs, on les a amenés ici et ils sont ici pour aider nos entreprises. Certains habitent ici depuis six ou sept ans. Ils ont eu des enfants ici. Leurs enfants vont à l’école ici. Ils sont intégrés. Ils sont chez eux ».

Effet domino

Louis Leclerc explique également que le départ d’une partie des travailleurs étrangers entraînera des répercussions majeures sur la structure des entreprises et sur l’économie régionale.

« Ce sont des chaînes de production complètes qui vont tomber. Les travailleurs étrangers occupent des emplois précis, comme soudeur. Et un soudeur, ça peut faire travailler un dessinateur, un monteur d’acier, un peintre, etc. Donc, si tu ajoutes 30 soudeurs, tu crées beaucoup plus d’emplois. Mais si ces gens-là ne sont plus là, ce sont aussi d’autres emplois qui vont disparaître. Tout le monde va être affecté. »

« Chaque fois qu’il y a un travailleur étranger qui part, ce sont trois emplois québécois qui partent », résume le directeur général d’Alliage 02, Marc St-Hilaire.

Le préfet de la MRC de Lac-Saint-Jean-Est, Louis Ouellet, prévient pour sa part que les entreprises de la région seront bientôt appelées à participer à plusieurs grands chantiers. Or, sans l’apport des travailleurs étrangers, plusieurs risquent de devoir décliner des contrats. « Seulement en perte de contrats, on parle d’une perte de 50 M$ pour la région », affirme-t-il.

Les limites de l’automatisation

Si l’automatisation et la robotisation peuvent parfois pallier le manque de main-d’œuvre, ces solutions ne sont pas toujours applicables, souligne Louis Leclerc.

« Je veux dénoncer l’arrogance de certains politiciens provinciaux. Il y en a qui pensent que la robotisation, c’est facile, qu’on a juste à mettre des robots. On fait des comparaisons avec l’Allemagne, mais quand on regarde le nombre de robots par habitant là-bas, on comprend vite qu’on est loin de ça. J’ai visité la plus grande usine de Volkswagen, où il y a 6 000 robots. L’industrie automobile se robotise bien. Mais fabriquer des structures d’acier, des moulins à scie, exploiter des alumineries — bref, les industries du Saguenay–Lac-Saint-Jean —, on ne peut pas les robotiser à 100 %. Penser le contraire, c’est ne pas comprendre notre industrie. On a besoin d’humains. »

Un point de vue partagé par Marc St-Hilaire, qui affirme que « le modèle de la robotisation et de l’automatisation a ses limites », ajoutant qu’« il n’y a pas un robot qui va aller souder sur un barrage ».

Doléances

Les acteurs politiques et économiques interrogés réclament minimalement que les entreprises puissent conserver leurs travailleurs déjà en poste. Ils plaident également pour des politiques migratoires davantage adaptées à la réalité de chaque territoire, tant au provincial qu’au fédéral.

Selon les données de 2021, le Saguenay–Lac-Saint-Jean représente 3,2 % de la population du Québec, mais n’accueille que 1 % des migrants.

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