Une jeune cinquantenaire au guidon de sa moto de type spyder roule paisiblement sur la route des bâtisseurs du lac Kenogami quand soudain un chevreuil surgit de la forêt. Un automobiliste passe près de l’accident, voit la dame étendue sur le côté de la chaussée. Plutôt que de lui porter secours, il ramasse la bête morte pour la hisser à bord de sa camionnette. Il quitte les lieux de l’accident, laissant la femme blessée sur place.
Deux jours plus tard, toujours à Saguenay, dans un quartier paisible, des voyous vandalisent 50 autos en tirant avec ce qui semble être des fusils à plombs, dans les vitres des automobiles. Dans un cas comme dans l’autre, ces faits divers passent sur les grandes chaînes de télé et sur les sites web des différents médias nationaux.
Putsch à l’hôtel de ville
Pour ajouter à ces deux évènements absolument inconcevables dans toute l’histoire du Saguenay, la politique municipale aussi, dans le même temps, fait les frais des nouvelles nationales. La mairesse de Saguenay, Julie Dufour, subit un affront à son autorité. Dix des 15 conseillers de la ville rendent publique une lettre pour demander que le conseil exécutif demande l’opinion de tous les membres du conseil avant de se prononcer en rapport avec les paiements de la facture des frais juridiques de la mairesse. Encore une première pour l’administration municipale à Saguenay.
Si l’on ajoute à ce putsch déguisé ces faits divers spectaculaires, la réputation de la capitale régionale en prend un coup à travers le pays. La ville de Saguenay se fait même ridiculiser au cours d’émissions à grande écoute comme ‘’La journée est encore jeune’’ du Saguenéen, Jean-Phillippe Wauthier. Il y a là ,en effet, matériel à rire et même à pleurer.
Parce qu’en plus d’abriter des tireurs fous et un quidam qui préfère s’occuper d’un chevreuil plutôt que de porter secours à une dame accidentée, voici que
la capitale saguenayenne est laissée aux mains d’une capitaine victime d’une mutinerie.
Imposer une tutelle
Alors, qui réglera les problèmes d’itinérance s’amplifiant à Saguenay au point de faire fuir les commerçants du centre-ville? Parce que, bien plus que le stationnement à étage, l’itinérance et l’accès au logis représentent le véritable défi de l’avenir à Saguenay.
Si ces questions de vandalisme et d’itinérance requièrent une révision en profondeur de notre système social, la situation politique sur le plan municipal, elle, est à la portée de nos élus locaux. Les principales personnes concernées semblent aborder avec désinvolture ce blocage systématique des affaires municipales.
Dans notre système politique, les municipalités sont des créatures des provinces. La ministre des Affaires municipales possède les pleins pouvoirs juridiques pour imposer jusqu’à une tutelle s’il s’en faut.
Neuf des 15 conseillers municipaux de Saguenay ont exigé que la mairesse, Julie Dufour, se retire le temps qu’elle conteste les trois infractions signifiées par la direction générale des élections. La mairesse fait fi de cette résolution acceptée par une majorité de conseillers.
La ministre québécoise des Affaires municipales et ministre responsable de la région, Andrée Laforest, pourrait imposer un retrait provisoire de la mairesse le temps que sa défense soit entendue. De l’avis de plusieurs, il s’agit là de la solution la plus efficace pour remédier à une situation intenable à la ville de Saguenay.
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