Ressassant ses souvenirs d'enfance, Serge St-Gelais de Saint-Honoré tient à briser le silence. L'homme de 65 ans raconte les sévices que lui ont fait subir les religieuses lors de son passage à l'orphelinat de l'Immaculée-Conception.
Issu d’une famille de 12 enfants, lui et son frère jumeau de 5 ans ont été placés à l'orphelinat à la suite du décès de leur mère, sous le joug des Petites Franciscaines de Marie.
« J’ai vécu des atrocités que je n’ai racontées à personne, mais la première fois que je l’ai fait, le médecin ne me croyait pas et il en a même ri », raconte l’homme toujours bouleversé.
« Quand j'étais jeune, tout petit, je faisais pipi au lit et pour me punir, les sœurs me couchaient dans un grand évier avec 10 pouces d'eau froide et elles me battaient pour que je reste là. Ensuite, elles m’attachaient le zizi après le robinet. »
Il ajoute : « Je me faisais battre avec des ceintures en cuir, les marques sont encore sur mon dos et y resteront jusqu'à la fin. »
Leurs Noëls étaient d’une grande tristesse, car quand des membres de leur famille apportaient des cadeaux et des sucreries, les sœurs les arrachaient et les gardaient pour elles.
À force de subir de la torture, Serge a développé le concept du « black-out », c’est-à-dire qu’il a des souvenirs tragiques de ce qui s’est produit, mais qu’après sa mémoire tombe dans la noirceur. « Je fais des cauchemars toutes les nuits, encore et encore », affirme celui qui a vécu jusqu’à l’âge de 13 ans à l’orphelinat.
Selon plusieurs témoignages, dont celui de M. St-Gelais, « si aucun corps ni aucune dépouille n’ont été retrouvés, c’est parce qu’ils ont été brûlés et réduits en cendres », affirme-t-il avec aplomb.
Selon Serge St-Gelais, le gouvernement a toujours fermé les yeux. Depuis plusieurs années, il essaie d’obtenir réparation. Il n’a jamais obtenu de réponse ni de la part du gouvernement ni de celui de la communauté religieuse. Tous ses efforts restent lettre morte.
« Le gouvernement attend qu’on soit tous morts avant de faire quelque chose, je veux qu’il y ait réparation pour tous ceux qui restent afin qu’ils puissent trouver la paix pour le temps qu’il leur reste ».
L’homme de 65 ans voulait témoigner afin que tous ces enfants victimes de maltraitance ne tombent pas dans l'oubli.
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