Commentaire de Richard Banford

Au lendemain de la séance du conseil de ville de Saguenay, la première de 2024, où le conseiller Jean-Marc Crevier a subi les foudres des membres du comité exécutif, la mairesse Julie Dufour en tête, la vie a repris son cours comme si rien ne s’était passé la veille. C’est la surprenante constatation révélée par le conseiller Crevier à l’occasion de sa participation à l’émission Le Retour du 92,5.

Secoué par les accusations à peine voilées, lancées pendant une conférence d’information imprévues, à la fin de la séance du conseil de ville, Jean-Marc Crevier n’en a pas moins chaussé ses bottes de travail, le lendemain, pour se rendre à une réunion prévue à La Baie des membres du comité RH. Il y a retrouvé ses collègues, dont Martin Harveyet Kevin Amstrong, deux membres du comité exécutif qui ont adressé des reproches à M. Crevier, mardi. À la surprise du principal intéressé, personne n’a soufflé mot des altercations de la veille.

Scénario discutable

Toujours selon le conseiller Crevier, le reste de la journée s’est déroulée sans qu’aucun de ses collègues revienne sur la vendetta de la veille. Un scénario préparé pour le faire paraître, si non pour un traître, à tout le moins comme complice des actions de la greffière, Caroline Dion. Celle qu’on a congédiée manu militari sous prétexte d’un comportement inacceptable sur fond de harcèlement. L’ex-greffière poursuit la ville pour son congédiement qu’elle considère abusif et que le conseiller Crevier aurait aimé reconsidérer.

Ce changement d’attitude des membres de l’exécutif démontre sans aucun doute que la conférence d’information, imposée à la fin de la tenue du grand conseil, n’était nul autre qu’une mauvaise pièce de théâtre où chacun avait bien appris son rôle. Un scénario discutable qui ressemblait étrangement à un élément de défense pour préparer la riposte au procès en cour devant le tribunal. Une première à Saguenay et sans doute dans toutes les villes du Québec.

Lettre évocatrice

Une autre preuve que Saguenay tente par tous les moyens de parer les prétentions de congédiement abusif de l’ex-greffière se révèle dans cette anecdote racontée par Jean-Marc Crevier à l’occasion de sa participation à l’émission Le Retour du 92,5 mercredi. Il explique avoir parlé à son collègue, Serge Gaudreault, qui a passé un appel au tribunal administratif afin d’obtenir le document déposé par la ville, où on retrouve la série de reproches allégués pour congédier la greffière Dion.

Cette lettre a été rendue public récemment par les médias.

La responsable au bureau du tribunal administratif a carrément refusé la demande de M. Gaudreault, expliquant qu’il s’agit d’un document de la cour et comme tous les documents du tribunal, ils doivent demeurer confidentiels.

Or, seulement les représentants de la ville ont ce document en main. Qui a laissé couler l’information à la presse? À qui le crime profite-t-il, si ce n’est que pour noircir l’image de l’ex-greffière?

Le procès imposé par l’ex-greffière devrait répondre à toutes ces questions soulevées par le passage du conseiller Crevier à la radio. S'il n’y a pas d’autres obstructions, le tribunal devrait se pencher sur ce sujet avant la fin de l’année. En attendant, l’administration municipale devrait s’en tenir à la gestion des activités de Saguenay qui vient de livrer par courrier une autre augmentation de taxes à ses contribuables.