L’équipe de bénévoles du Chantier du Père Alex peut dire: « Mission accomplie » pour la 60^e édition de son carnaval au parc de la Colline à Chicoutimi-Nord. Ayant été absent du calendrier hivernal pendant deux ans – en raison de la pause que l’on sait et que plus personne ne veut nommer – le public a été de retour en très grand nombre pendant toute la semaine de relâche. « On a eu du monde sans arrêt », de nous témoigner Johanne, qui œuvrait à l’accueil. « Ça fait longtemps qu’on avait eu autant de monde que ça! Même avant la p.. , je ne me rappelle pas d’avoir eu autant de monde! »

Tous les éléments plaisant au public étaient de retour: la cuisine avec les mets carnavalesques, la musique folklorique accompagnant les repas, la danse en ligne et les spectacles mettant en scène des gens de la région, le support des commanditaires, bref: le plaisir était de la partie.  C’est l’animateur-chanteur bien connu Mario Vézina qui assumait la présidence d’honneur de cette 60^e édition.

Questionnement

Malgré tout le succès remporté, les deux ténors à la tête du comité de bénévoles, Donald Fortin et Réjean Ménard, respectivement président et vice-président, ne peuvent s’empêcher de se questionner sur le manque de réponses précises des élus de la Ville de Saguenay quant à ce que pourrait devenir le site. Rien de certain quant au retour d’une édition suivante? « D’une année à l’autre on ne sait jamais si on continue », de dire d’entrée de jeu le président.

« Les gens, cette année, nous demandaient si on revenait l’an prochain en nous disant qu’ils nous appuieront, qu’ils veulent pas qu’on lâche. Le problème c’est pas qu’on veut pas, c’est plutôt que la ville semble avoir d’autres projets pour le site du Chantier ». Réjean Ménard renchérit. « Quand un élu de Saguenay te dit à mots couverts que la Ville a « un plan déjà décidé » en ce qui concerne le Chantier pis que nous, les responsables du site, on n’est même pas au courant du « fameux » plan, y a comme un problème quelquepart! Faudrait qu’on nous parle, je crois ».

Julie Dufour

Les deux hommes ont toutefois pu discuter avec la mairesse de Saguenay Julie Dufour, alors que cette dernière s’est rendue mercredi dernier déjeuner au Chantier avec quelques membres du conseil. « C’était toutefois une discussion sur le vif, à bâtons rompus », de préciser M., Fortin. « Rien de formel. On a simplement demandé comment il se faisait que personne au conseil de ville ne discutait avec nous, ne répondait à nos demandes ». La réponse a fait écarquiller les yeux des deux hommes.

« On nous a dit que la mairesse avait pourtant mandaté ses conseillers de nous contacter pour discuter ». Le téléphone de messieurs Fortin et Ménard n’a pourtant jamais sonné…Nous ce qu’on veut, ce que la population veut, c’est d’assurer la pérennité du Chantier. Les commentaires du public et ses fortes affluences la semaine dernière en sont une preuve tangible. Pis ce serait le fun que l’autre conseillère du secteur, Madame Mireille Jean, nous fasse signe. On ne demande qu’à discuter avec tout ce beau monde ».    

Satellites? Regroupement?

D’un œil toujours positif, Donald Fortin verrait aussi possible le fait pour la gang du Chantier du Père Alex de collaborer avec d’autres carnavals de la région, pour mousser leurs programmations respectives, s’encourager aussi, en se visitant mutuellement lors de leurs événements. « La gang du Carnaval des Chevaliers de Colomb de Kénogami, ils sont venus au Chantier la semaine dernière. On a eu bien du plaisir à les recevoir, Jocelyn Villeneuve et son équipe. J’ai aussi discuté avec son frère Yves, le « monsieur 4 Chemins ». On a des idées, suffit juste d’avoir de la collaboration quelque part ».

Déménager le Chantier?

Lors du passage du Réveil au Chantier, nous y avons croisé un des fondateurs du Chantier du Père Alex, Philippe Gagnon, qui ne s’est pas fait prier pour se faire photographier avec messieurs Fortin et Ménard, en compagnie de bénévoles et d’anciens (NDLR: la photo est en tête de ce texte). Le père de M. Gagnon possédait les terres ou a été construit le Chantier. Et ce Chantier du Père Alex, c’est une tradition, bien ancrée. « Si la ville décide de mettre la main sur le site, faudra dire adieu au carnaval du Chantier », de se résigner tristement Réjean Ménard. Ne pourrait-on pas recréer le carnaval du Chantier du Père Alex ailleurs? « Non », de couper court M. Ménard. « Le Chantier, c’est le Chantier. Le 60^e, c’était un 60^e lié au bâtiment et à son site. Ce n’est pas pensable. On espère juste que quelqu’un, quelque part, le réalisera ».