Les églises catholiques de la région, comme des centaines d’autres au Québec, subissent l’œuvre du temps. Désertées par les fidèles, elles sont abandonnées à elles-mêmes faute d’argent pour les entretenir.
Au moins, une dizaine dans la région sont passées sous le pic des démolisseurs. Celles qui restent se dégradent à vue d’œil, fragilisées par leur architecture hors norme et par l’absence d’entretien régulier. Plusieurs de ces magnifiques bâtiments patrimoniaux vont disparaître de nos paysages dans l’indifférence générale, s’il n’y a pas de prise en main de la part de la collectivité.
Conseil du patrimoine religieux
Le gouvernement du Québec octroie 35 M$ annuellement pour la protection des quelque 2 000 églises du Québec. Le directeur de l’organisme responsable de veiller sur la préservation de cette richesse collective, le Conseil du patrimoine religieux du Québec, l’historien, Luc Noppen, confiait au Devoir que l’avenir de ces majestueux édifices se trouve dans la requalification, mais c’est très dispendieux.
C’est ce qu’on envisage de faire pour l’église Saint-Édouard de La Baie. On voulait au départ la voir convertie en bibliothèque, mais faute de ressources financières suffisantes, on a convenu de la requalifier en un lieu de rassemblement d’organismes publics. La ville de Saguenay vient de voter un montant de 2,5 M$ à cet effet. On peut cependant douter que ce soit suffisant.
La Cathédrale de Chicoutimi
Parce que comme l’explique le professeur Noppen, devant l’étendue des travaux à effectuer sur plus de 2 000 églises au Québec, les 35 M$ de Québec sont dérisoires. Ces millions suffiraient à peine à combler les coûts de restauration d’une seule église de bonne dimension.
On ne peut en douter quand on constate les sommes qu’ont nécessitées les travaux effectués pour sauvegarder la cathédrale de Chicoutimi. Seulement pour restaurer les vitraux de ce joyau architectural, il en coûte 1 M$ et sûrement davantage pour refaire le toit. Peut-on imaginer conserver les sculptures, les tableaux et les structures de boiserie pour moins? Et comment coûterait la mise aux normes d’aujourd’hui : la plomberie, l’électricité, le chauffage?
Les coops d’habitation
D’autres solutions de rechange sont invoquées pour assurer un avenir à ce patrimoine religieux. On suggère notamment de transformer ces lieux de culte en logements sociaux. En entrevue, la directrice de Loge m’entraide, Sonia Côté, explique que transformer l’une de ces grandes églises en logements sociaux coûte trop cher. Une étude exhaustive de l’époque démontrait que même au prix de la somme symbolique d’un dollar, il en coûterait, au bas mot, 7 M$ pour convertir une église conventionnelle en 32 logements sociaux.
Aujourd’hui, le projet de la Coopérative d’habitation La Solidarité vise la construction de 15 logements sociaux estimée à 5,9 M$ sur un terrain cédé gratuitement par la ville de Saguenay dans le secteur Kénogami. Le dossier est ouvert depuis 10 ans et Loge m’entraide a récolté près de 450 000 $ auprès de 800 donateurs. La ministre de l’Habitation du Québec, France-Hélène Duranceau vient d’annoncer un nouveau programme issu d’une entente de 1,8 G$ partagé avec le gouvernement fédéral. La Solidarité s’y est inscrite, mais la subvention accordée n’atteint jamais 100% de la somme globale.
Sans doute, comme pour le projet de La Baie, la ville devra combler le montant manquant. Il faut se rendre à l’évidence, même les églises ne pourront résoudre les besoins criants des logements sociaux.
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