Les doublets chez la haute direction de l’administration municipale semblent devenus la règle à Saguenay. Après le directeur général qu’on a tassé pour le remplacer par un nouveau dg, il semble bien qu’on réserve le même sort à la greffière cavalièrement mise à pied elle aussi. Et cette politique s’étend jusque dans le prolongement de l’appareil municipal.
La Société de transport de Saguenay vient de congédier son directeur général. Sans attendre la décision du tribunal administratif, qui a été saisi de la contestation de ce congédiement, la STS embauche un nouveau directeur général.
Comportement discutable
Le président du CA de la STS, le conseiller municipal Claude Bouchard, se dit convaincu que le congédiement du dg Jean-Luc Roberge est justifié. Tellement que son conseil d’administration, où siègent également les conseillers Jean-Marc Crevier et Michel Potvin, a mis en selle pour une période de cinq ans le directeur adjoint Frédéric Michel sur le siège de directeur général. Sans doute que Michel possède toutes les compétences pour occuper ce poste, d’autant plus qu’il a pris la relève depuis un an déjà. Là n’est pas la question. Si on se place dans la peau de la juge du tribunal administratif, cette décision pourrait ressembler à du mépris de Cour.
Décision précipitée
Pourquoi mettre la charrue avant les bœufs? Frédéric Michel a démontré jusqu’ici qu’il possédait tous les atouts pour diriger adéquatement la société de transport publique mais…n’aurait-il pas pu continuer à titre d’adjoint jusqu’à ce que la décision du tribunal soit connue? Ces décisions prises sous couvert et rendue publiques sans trop d'éclaircissement (comme dans le cas du dg de la ville et celle concernant la greffière) laissent planer des doutes sur leurs justifications.
La faute au dg
Quand on relit attentivement le rapport de la Vérificatrice générale, Sylvie Jean en ce qui concerne l’administration de la STS, on constate qu’il ne s’adresse pas uniquement à l’opérationnel.
On a répondu au rapport de la VG en congédiant le directeur général, comme pour rejeter la faute des lacunes citées dans le rapport sur le dos du DG. La vérificatrice explique pourtant dans son rapport que ‘’la STS ne détient ni plan stratégique ni d’orientation formelle de la part du conseil d’administration.’’ Et elle ajoute plus spécifiquement que ‘’les administrateurs ne disposent pas de la formation nécessaire pour prendre leurs décisions’’. À la lumière de ces recommandations de la VG, il semble peu probable que le seul congédiement du dg et son remplacement soient suffisants pour remettre la STS sur la bonne voie.
Bilan discutable
Sous la gouvernance municipale précédente, avant la venue au pouvoir de l’administration Dufour, la STS avait consenti des investissements de plus de 25 M$ pour le projet d’éco-mobilité. Depuis que la mairesse a nommé Claude Bouchard à la tête du CA de la STS, les investissements ont cessé.
Faut-il aussi rejeter la faute de ce piètre bilan sur le dos de la direction générale?
L’exemple du CS des Rives
Les administrateurs de la STS devraient pourtant se rappeler qu’il faut plus que des préjugés et des rumeurs pour mériter un congédiement. L’exemple probant de la directrice du Centre de services scolaire des Rives-du-Saguenay, Chantale Cyr, fera certes jurisprudence en cette matière. Congédiée en 2018, Mme Cyr a réintégré son poste en mars 2020, après un jugement du Tribunal administratif du travail déclarant illégal son congédiement.
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