Reconnu partout au pays (et même au-delà de frontières) comme un éminent spécialiste de politique américaine, le collaborateur de différents réseaux d’informations Guillaume Lavoie est surtout un passionné, et un bleuet qui ne renie pas son profond attachement à sa région. Malgré ses multiples voyages à l’étranger, il revient toujours chez lui, au Saguenay.

« Le plus souvent possible, et un peu plus », nous avoue-t-il. « C’est l’été, toute ma famille est ici, mes deux enfants adorent venir voir grand-maman. Et je préfère effectuer le trajet en train, pour une foule de raisons! » Il cite ces rencontres de gens qu’il y fait, chaleureuses, avec plus de temps à y consacrer.

« Sur la moitié du trajet, y a pas de réseau cellulaire ça permet de faire autre chose. Si je fais un voyage et que je ne le fais pas par train, c’est parce que je n’avais pas d’autre choix ». Ses deux adolescents ne s’en formalisent pas, au contraire. « Ils sont habitués aux voyages en train, avec le temps de réflexion que ça apporte, les paysages, les escales ». Montréal-Saguenay représente un voyage de neuf heures. Et Guillaume Lavoie adore. Il aime voyager avec ce qu’il appelle « le temps long ». 

Si les sacs parlaient

On décrit le natif de Saint-Ambroise comme « l'un des experts les plus en vue sur l'économie collaborative », ayant présenté plus de 350 conférences sur ce thème, au Canada et à l'étranger. Et pour tous ces périples, il a toujours comme compagnon son fidèle sac de voyage, qui date de 1989! « Ce sac Lavoie continue de me suivre partout depuis mon secondaire un. J’ai d’ailleurs fait une visite des installations d'Identification Sports la semaine dernière à La Baie. Et je précise que même si c’est un sac Lavoie, je ne suis pas actionnaire de la compagnie! » Et si le sac pouvait parler, lui qui a voyagé du fin fond de l’Afrique du sud jusqu’à la base militaire d’Alert (extrême nord du pays), que raconterait-il? « Que j’ai failli m’établir en Catalogne, en Espagne. Je considère sa capitale Barcelone comme un 2^e chez-moi. Mon sac arbore d’ailleurs l’écusson locale».     

Boutons de manchettes

Guillaume Lavoie porte des boutons de manchettes, comme son grand-père le faisait. « Quand j’en ai porté pour la 1^e fois dans la trentaine, une image m’est revenue: celle de mon grand-père René, qui a aidé à construire l’usine d’Alcan à Arvida. Lors de la fête d’un enfant, d’une messe ou d’une réunion familiale, grand-papa, détenteur d’une 2^e année B, s’habillait chic et fier. En enfilant ses boutons de manchettes ». Ceux de Guillaume Lavoie, dont il fait une collection, sont thématiques. Il en fabrique, même, au besoin. 

« Ce sont des clins d’œil à la journée, à l’occasion que je vivrai, à l’endroit où je suis ». Lors de la rencontre avec l’auteur de ces lignes, il portait d’ailleurs des boutons à l’effigie du Saguenay-Lac-Saint-Jean. « Mon histoire est profondément bleuet. Je suis le même gars originaire de la Route Rurale 4 ».

La région "liée" aux USA?

Avoir devant soi Guillaume Lavoie, passionné de politique américaine, vacances ou pas, les sujets reliés au pays de l’Oncle Sam sont inévitables. Entre autres: est-ce que sa région d’origine subit une quelconque influence par ce qui se passe aux États-Unis? La réponse ne se fait pas attendre. « Le Saguenay-Lac-Saint-Jean est impacté et lié à ce qui se passe ailleurs sur la planète », analyse-t-il. « On est une région où on a encore plus raison de s’intéresser à ce qui se passe ailleurs parce que ça nous impacte directement. À commencer par les États-Unis: la majorité de ce qu’on vend, on le vend aux USA. C’est normal, parce que c’est un énorme marché collé sur nous ».

Leçon de Mulroney

Guillaume Lavoie cite au passage une leçon retenue de l’ex-premier ministre Bryan Mulroney. « Monsieur Mulroney disait que son objectif, à chaque fois qu’il laissait tomber quelquechose sur le bureau du président Reagan, c’est qu’il fallait s’organiser pour qu’il s’interroge ensuite sur le comment que ça pourrait impacter sa relation avec le Canada. Quand on parle aux américains, on ne leur dit pas pourquoi c’est bon pour nous. Disons-leur plutôt pourquoi c’est bon pour eux! Regarde l’aluminium, par exemple. L’aluminium canadien, considéré comme de l’aluminium nord-américain, ça va faire en sorte que leurs voitures vont coûter moins cher. Les matériaux pour leurs usines – tout ce qui est fait en aluminium – au final, tout cela va coûter moins cher, et être beaucoup plus sécuritaire. On retrouve aussi des avantages dans ce qui est canadien en ce qui concerne le bois. Enlève le bois d’œuvre canadien, le prix des maisons aux États-Unis va augmenter! Faut leur présenter le tout de cette manière-là ».

Bâton du pélerin

Celui qui se spécialise aussi dans les conférences croit qu’il ne faut pas attendre que les États-Unis se préoccupent de nous. « C’est à nous, comme région, de prendre notre bâton du pèlerin et d’aller à leur rencontre. Tu ne peux pas convaincre les américains si tu ne t’intéresses pas à eux et si tu ne les comprends pas ». 

Retraité politique?

L’homme a aussi été conseiller municipal à Montréal pendant quatre ans. Retournera-t-il en politique sous une quelconque forme au municipal ou tout autre palier? « Voici comment je vois la vie dans la politique, et à l’extérieur de la politique. Si t’es en politique, tu peux écrire la liste des priorités. Si t’es à l’extérieur de la politique, tu te bats pour mettre des choses sur cette liste des priorités. Les deux rôles sont nobles.  Mais surtout: ne jamais dire jamais », conclut-il.