Lors du dernier droit du Sommet sur l’avenir de l’information régionale, qui eut lieu jeudi soir et vendredi au Cégep de Jonquière (sous la conduite de son École supérieure en Art et Technologie des médias - ATM), fut rappelé par un intervenant le bien-fondé d'un rassemblement de citoyen(ne)s. Celui du 10 novembre, au Mont Sainte-Claire, devant les installations de TVA (CJPM), pour dénoncer le dépeuplement de la salle de presse de la station.
Ce, à l’initiative non de syndicats ni de groupes de réclame du droit du public à « une information de qualité basée sur des faits vérifiés », mais par le collectif LASTUSE du Saguenay, organisme de défense, depuis 1981, des personnes sans emploi. Des représentants de l’unité de pastorale Valin (qui contient les communautés de Saint-Honoré, Saint-David, Saint-Fulgence, Sainte-Anne, Sainte-Rose, Saint-Luc et Sainte Claire) et du diocèse y ont pris part. J'y étais.
Ce sommet donc a réuni plus de 150 personnes, provenant de 12 régions du Québec, afin de « brasser des idées » pour vaincre la contraction des effectifs d’information et des couvertures de presse au détriment, entre autres, de la diffusion de la culture, des échanges sociaux, de renseignements d’utilité commune, de la surveillance nécessaire des pouvoirs publics, des corporations et institutions, de la vie démocratique locale et régionale.
Il eut peut-être été à propos d'ailleurs que les services diocésains de communications et de solidarité sociale y soient. Afin d’écouter, se faire une tête et se faire entendre. Si le sommet était ouvert, au premier rang, aux journalistes, aux entreprises de presse, aux enseignants et étudiants en Art et Technologie des médias et aux élus, il ne l’était pas exclusivement. Le collectif LASTUSE, par exemple, y avait son représentant.
Fait névralgique au Sommet
Soit l'urgence, pour les médias régionaux, de grouper leurs forces et propositions de contenus sous une même plate-forme numérique, tout en échangeant, entre eux, des services pour diminuer leurs coûts et élargir leurs champs de couvertures. S’affranchissant progressivement, du même élan, du soutien financier direct de l’État, lequel, a insisté la ministre du Patrimoine canadien présente au Sommet, Mme Pascale St-Onge, est transitoire. « Ottawa est là pour aider, mais temporairement », a-t-elle dit.
À charge, cependant, pour les Google de ce monde — Meta, qui coiffe Facebook et Instagram, s’étant, pour sa part, complètement désengagée — de payer leurs redevances et que la répartition des fonds soit équitable.
D'un autre côté, les entreprises de presse n’ont hélas ! pas le réflexe intercorporatif. La plupart sont hermétiques et ne veulent pas baisser la garde. Pour briser leur résistance à agir de concert, il faudrait sans doute que le cégep de Jonquière et l'ATM mettent en oeuvre un autre sommet. Ne rassemblant, cette fois, que les dirigeants de l’industrie. La suggestion vint d’un participant. Le recteur du cégep, M. Sylvain Gaudreault, y a paru sensible.
Les hebdos
Restant saufs, dans toute cette conjoncture où l'information est en péril, les hebdos imprimés. Ceux, par exemple, du groupe Trium du Saguenay-Lac-Saint-Jean, dont Le Réveil, et des Éditions Nordiques, de Baie-Saint-Paul à Natashquan. Ils tirent leur épingle du jeu, d’accord. Mais sans enrichissement. Il doivent désormais remuer ciel et terre pour la distribution de leurs journaux, maintenant que Publi-Sac a plié boutique.
Reste saufs aussi les grands joueurs de la radio communautaire tels CKAJ 92,5 Jonquière. Encore que Trium Médias et ce diffuseur, suivant une entente de réciprocité semble-t-il très féconde, conjuguent leurs salles de nouvelles. Étant entendu que les hebdos gratuits, aussi bien que la radio et la télé communautaires sont des services essentiels d’accès à l’information pour les gagne-petits.
Pour l’ensemble des médias, cependant, des effectifs honnêtes et des couvertures de presse abondantes seraient opportunes, mais ne suffiraient pas à leur financement et n'empêcheraient pas que se fissure l’État de droit dans lequel nous vivons. Sans le concours du public. Souvent écrasé sous le poids de la paresse intellectuelle, il doit s’obliger à s’informer. Et payer généralement pour le faire. Car l’information, l’émancipation sociale, la vitalité démocratique et le bonheur national brut ont un prix. Dans les coulisses du Sommet, on en discutait. Tout comme on s'entretenait de l'obligation, pour les médias, de livrer la nouvelle ou le commentaire suivant les temps actuels et estimés de concentration des lecteurs et auditeurs: cinq minutes pour les plus résilients, deux minutes pour la plupart, 46 secondes pour les autres.
Dans les tables formelles d’échanges, on soulignait souvent l’impérieuse nécessité d’éduquer à l’information et faire entrer le journal en classe. Et avec raison. À cet égard, l’ATM s’y emploie. Elle s’insinue, à temps et à point, dans les écoles avec « L’Avisé, petit guide pour comprendre le métier des journalistes » Photo jointe : lors du lancement, de l'opuscule en octobre dernier.
Moment fort
Enfin, moment fort, lors du Sommet. Un panel d'étudiant(e)s, réputé représentatif de divers métiers de l’information, eut lieu sur leurs habitudes des médias. Un presque sondage. Ils s’informent d’ordinaire peu. Cherchent le plaisir en naviguant sur leur tablette ou le téléphone. « Mais à l’école, on ne nous dit pas comment s’informer et pourquoi il faut le faire », a, par contre, protesté l’un d’eux, comme un appel pressant au ministère de l’Éducation.
Une autre a parlé des misères résultant de l’anxiété. Un frein à son espérance d’épanouissement professionnel, a-t-elle laissé entendre. En effet — et on commence à nous le dire ici et là — il est vrai que, depuis leur enfance, les jeunes n’entendent parler que de guerres, de crimes contre la personne, de pauvreté, de tempêtes, de famines, de catastrophes, de dévastation sans répit de la planète. Cette planète qu’on leur laisse en héritage. Ils ont peur. Il se font du sang d’encre.
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