La communauté des Sœurs Antoniennes de Marie a souligné avec fierté (mais sobrement) au début du mois l’anniversaire d’une des leurs. Née le 9 octobre 1920, Sœur Blanche-Hélène (Desbiens) a franchi le cap des 103 ans. Mine de rien, la modeste religieuse originaire de Saint-Ambroise compte aussi 79 ans de dévotion au sein de sa communauté.
« J’ai adopté le genre humain », nous confie-t-elle. « Je n’ai pas l’impression que le Seigneur a « oublié » de venir me chercher. Je crois plutôt que si je suis encore ici, à 103 ans, c’est parce que ma mission n’est pas finie, qu’il me reste encore des choses à accomplir. J’entends encore cette voix qui me dit « J’ai besoin de toi ».
Appelée
C’est à l’occasion de visites à l’hôpital, alors qu’elle était toute jeune, que Sœur Blanche-Hélène a su ce qu’elle ferait de sa vie. « Je voyais que les Augustines prenaient soin de mon père, alors hospitalisé. Je me disais qu’un jour, je ferais comme elles ». La noble dame se rappelle aussi d’un détail, peut-être en lien avec cette dévotion qu’elle emprunterait plus tard. « Je me souviens que chez moi, je pleurais parfois, parce que j’avais l’étrange impression de ne pas être chez nous, dans la maison familiale. Maman, patiente, montait alors l’escalier pour venir me consoler ».
Marquée jeune
Elle aura vécu la crise économique, et la fin de la Seconde guerre. Questionnée à savoir ce dont elle se souvient le plus comme événements les plus marquants, la religieuse répond sans hésitation. « Je me rappelle de tout! Mais le décès de mon jeune frère et de ma jeune sœur, des suites de la diphtérie, ça n’a pas été facile. Ils sont morts dans la même semaine. Y a fallu que papa aille les enterrer lui-même, il ne pouvait pas aller à l’église en raison du risque de contagion. Et puis, plus tard…la mort de papa, dans l’incendie de la maison familiale, ça aussi ça a été dur ».
Une sœur coriace
En plus d’une mémoire phénoménale, Sœur Blanche-Hélène a combattu la Covid 19, deux fois plutôt qu’une, en plus de se faire opérer à la hanche, et ce dans son âge avancé. Le secret de sa longévité? « Je crois qu’il n’y a pas de secret. Et puis, mon frère Joseph-Henri vient d’avoir 100 ans, il y a cinq mois! » Celle qui ne regarde pas la télé préfère (et de loin) la lecture, en particulier parcourir les livres qui parlent du pape François 1er. Craint-elle de mourir? Non. Et que croit-elle laisser en héritage lorsque « le » moment sera venu? « Ce sera à eux de décider ce que je leur aurai laissé ».
(418) 546-2525
ckaj@ckaj.org