Je suis au moins d’accord sur un point avec la mairesse, Julie Dufour, il y a un changement de culture à Saguenay en ce qui concerne l’administration municipale. Mais, rien ne garantit que c’est pour le mieux.

Les villes ont la capacité d’emprunter en fonction de leur pouvoir d’achat. Toutes les administrations précédentes à Saguenay l’ont fait. Rappelons-nous l’administration Jean Tremblay avec ses 40 M$ pour les barrages et 30 M$ pour les bateaux de croisières, des projets novateurs qui rapportent des millions $ chaque année à la ville.

Emprunter pour investir dans des projets rentables est beaucoup plus acceptable que d’utiliser la carte de crédit pour payer des infrastructures, certes utiles pour les citoyens, mais auxquelles on devra consacrer des montants importants pour l’entretien annuel. C’est ce que fait le tandem Dufour-Potvin à travers son programme triennal d’investissement (PTI).

Attention à la décote

Les spécialistes vous le diront, plus le service de la dette augmente par rapport aux revenus de la ville, plus les villes s’approchent d’une décote. Une telle éventualité signifie que les institutions prêteuses seraient justifiées d’augmenter les taux d’intérêt des emprunts.

Saguenay doit consacrer un peu plus de 17 % de son budget à rembourser sa dette qui a augmenté de 18 M$ depuis 2017. Au 31 décembre prochain, Saguenay verra sa dette atteindre près des 525 M$ sans compter les 60 M$ qu’il faudra trouver pour renflouer la caisse de retraite de ses employés.

On peut imaginer les montants faramineux qu’on devra consacrer au seul service de la dette, s’il fallait que Saguenay subisse une décote et doive emprunter ne serait-ce qu’à un pour cent supplémentaire.

Pari risqué

L’administration Dufour fonde sa décision d’augmenter de 74 M$ son PTI sur des présomptions, dont celle d’obtenir de l’aide des autres paliers de gouvernement. D’abord celui de Québec où l’inflation aurait eu un effet bénéfique sur les finances puisqu’elle gonfle les revenus de taxes. L’Union des municipalités du Québec (UMQ) tout comme la Fédération des municipalités font pression sur le gouvernement québécois. Les municipalités soutiennent, non sans raison, que Québec leur transfert de plus en plus de nouvelles responsabilités sans le financement qui vient avec. Saguenay, comme les autres villes, s’attend à ce que Québec prenne une part des nouvelles dépenses imposées aux villes.

Et puis la mairesse revient souvent sur la possibilité que de grands projets s’installent à Saguenay, là comme pour l’aide gouvernementale, on est loin de la coupe aux lèvres.

Un lapin dans le chapeau

Comme il nous en a donné l’habitude, le responsable des finances à la ville de Saguenay, Michel Potvin, a trouvé un 20 M$ en balayant la poussière de la grosse machine municipale. Beaucoup de conseillers s’interrogent sur ce nouveau lapin sorti du chapeau du grand argentier.

Et si l’espoir et la magie administrative n’apportaient rien, Michel Potvin possède une autre carte dans sa manche. Une augmentation de 2% du taux de la taxe foncière qui la porterait à 6% et peut-être au-delà.

Voilà où nous en sommes. Avec l’allure que prennent les négociations du gouvernement du Québec avec le secteur public et tous les enjeux qu’elles sous-tendent, Saguenay pourrait bien devoir attendre son tour.

D’autant que l’attitude de la mairesse Dufour devant la main tendue de la ministre régionale, André Laforest, qui offrait de participer financièrement à la rénovation du centre George-Vézina, n’indique rien de bon pour l’avenir de la collaboration entre Saguenay et Québec.

Comment ne pas croire que le contribuable devra encore faire les frais d’une administration qui semble avoir perdu ses repères. Oui, la culture a bien changé du côté de l’administration municipale, mais de moins en moins de citoyens s’en réjouissent.