Comparer les retombés économiques d’un bloc d’énergie de 750 KW pour Rio Tinto avec celles que pourrait provoquer cette source d’énergie dans un parc industriel peut rapporter sur le plan politique, mais pas nécessairement sur le plan économique. Et ce lapin, sorti du chapeau du conseiller municipal Michel Potvin, donne une image peu reluisante du principal employeur de la région.
Celui que la mairesse identifie comme son « grand argentier » a choisi le dernier grand conseil de ville pour étaler cette comparaison loufoque qui revient à déshabiller Pierre pour habiller Paul. Rio Tinto, ex-Alcan, reste un élément déclencheur du virage de l’économie régionale fondamentalement basée sur le secteur agricole et forestier. Rio Tinto demeure toujours un joueur majeur de l’industrialisation au Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Outre la création de ses propres emplois, ses activités de plus en plus diversifiées ont fait naître des dizaines d’équipementiers et d’entreprises de services dont l’expertise est désormais reconnue à travers le monde.
Rio Tinto privilégiée
La multinationale espano-australienne n’occupe pas les territoires du Québec sans intérêt. Elle jouit de tarifs spéciaux pour l’achat de son électricité, possédant un droit pour l’exploitation des barrages de la Péribonka et de la rivière Saguenay et, en plus, elle bénéficie d’allègements fiscaux pour soutenir ses activités de production.
L’entreprise est-elle pour autant privilégiée? Tout est relatif. Si l’on compare avec l’Ontario, où le gouvernement Ford tente par tous les moyens de ranimer l’économie après le départ de l’industrie automobile, Québec n’en fait pas moins pour conserver les emplois en région. On n’a qu’à constater les investissements gouvernementaux à la Davie de Lévis où le Québec investit 519 M$ et le fédéral 8,5 K$ en contrats de construction de nouveaux navires.
Conditions de travail
Avec le temps et la contribution des syndicats, Rio Tinto offre des conditions de travail et des avantages sociaux qui sont devenus la norme pour les entreprises régionales et même dans les services publics. Encore aujourd’hui on entend dire qu’une embauche chez Rio Tinto équivaut à gagner à la loterie. Quand on compare ne serait-ce que les fonds de pension des travailleurs de Rio Tinto avec les autres du secteur privé, on comprend que plusieurs travailleurs lorgnent vers cette compagnie.
Transition énergétique
La nouvelle règlementation adoptée par nos gouvernements pour souscrire à la transition énergétique procure une justification aux entreprises de transformation de la bauxite en aluminium pour convertir les vieilles cuves précuites en cuves plus productrices et moins polluantes. Avec les précuites, pour produire une tonne d’aluminium, on projette deux tonnes de GES dans l’atmosphère.
Les nouvelles cuves AP 60, fabriquées par les entreprises Charl-Pol de La Baie, offrent des performances beaucoup plus en accord avec les objectifs de dépollution. Cependant, la véritable atteinte de la décarbonation dépend surtout de la mise en opération de la fabrication avec la nouvelle technologie Élysis et du recyclage des résidus industriels. Les installations vétustes de Rio Tinto d’Arvida ne peuvent accueillir l’armature pour déployer cette nouvelle technologie. Il faudra construire de nouvelles structures à coup de milliards et investir également d’autres milliards pour moderniser les centrales électriques et les autres infrastructures sur l’ensemble du territoire.
Aluminium vert
Il faut se rappeler qu’à la base, la fabrication d’aluminium vert repose sur l’énergie électrique. Or, le Québec en dispose et surtout notre région possède beaucoup d’infrastructures de transport d’électricité. En accordant 750kw à Rio Tinto, Québec consolide des centaines d’emplois direct et plusieurs autres centaines indirectement. Et les investissements projetés sont déjà planifiés alors que les autres projets requérant un autre bloc d’électricité dorment encore sur les planches à dessin. « Un tien vaut mieux que deux tu l’auras », comme le dit le vieil adage: en assurant les emplois des gens déjà en place, rien n’empêche de revendiquer d’autres blocs énergétiques pour l’avenir du développement régional.
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