Depuis que le ministre de l’Environnement, Benoit Charrette, a changé la loi régissant la qualité de l’eau au Québec Rio Tinto doit dorénavant rendre publics ses prélèvements d’eau annuels. En comparant les quantités utilisées par les entreprises et organismes utilisant au moins 75 000 litres dans une journée, il appert que l’entreprise, bien implantée dans notre région, remporte le championnat québécois des consommateurs d’eau de l’industrie privée avec 72,5 milliards de litres d’eau annuellement.
L’eau prélevée par Rio Tinto provient notamment de la rivière Saguenay et de la rivière Romaine et est principalement destinée à l’extraction du minerai et de sa transformation. Ces données ne concernent pas l’eau servant au turbinage des six centrales hydroélectriques que Rio Tinto possède dans la région et qui justifient en grande partie la présence de cette entreprise au Saguenay-Lac-Saint-Jean et au Québec.
Le ministère d’Environnement rend publiques ses données sous l’insistance des environnementalistes qui, durant plusieurs années, cherchaient à connaître l’état des prélèvements d’eau au Québec. Sans surprise l’ensemble de la grande industrie recueille le plus grand nombre de litres d’eau au Québec. Ces entreprises paient une redevance de 2,50$ le million de litres au gouvernement du Québec depuis 2011. Cette redevance a passé à 35$ le million depuis le 1er janvier dernier. Le gouvernement assure que cette nouvelle mesure forcera l’industrie à réduire sa consommation d’eau. On fait donc d’une pierre deux coups : on remplit les coffres du gouvernement et on réduit le gaspillage de l’eau.
Même le ministre Charrette trouve ridicule que la grande entreprise ne paie que 2,50$ le million de litres d’eau utilisée, ce qui ne rapporte que 3 M$ par année. Les organismes de protection de l’eau du Québec quant à eux contestent encore l’efficacité de cette nouvelle mesure gouvernementale. D’aucuns disent que si ces entreprises ont l’argent pour payer, elles continueront à gaspiller l’eau.
Même si la nouvelle loi concernant l’approvisionnement de terme a pris effet le 1er janvier dernier, au moment d’écrire ces lignes, ni l’Association minière du Canada ni l’Association technique des pâtes et papiers du Canada n’avaient réagi à cet ajout.
Les contributions supplémentaires doivent alimenter le nouveau Fonds Bleu de 500 millions créé par le gouvernement en juin dernier.
Tout le monde en convient, l’une des principales richesses du Québec réside dans ses centaines de lacs et rivières d’eau douce. L’or bleu de la province constitue encore l’une des richesses attractives pour l’industrie lourde au Québec.
On doit aux groupes environnementaux d’avoir ouvert la voie à une conscientisation sociale à l’égard de la protection de l’eau. La grande industrie a particulièrement été visée dans ce domaine. Si ces multinationales semblent moins fragilisées par cette décision gouvernementale, elle pourrait toucher aussi les compagnies qui veulent extraire et transformer le phosphate, comme First Phosphate et Arianne Phosphate chez nous.
Et cette loi ira plus loin dès 2026 exigeant aussi des firmes moins gourmandes (50 000 litres par jour) des redevances qui pourraient toucher les embouteilleurs et d’autres entreprises de moindre envergure.
Un autre dossier qui ne manquera pas d’interpeller le gouvernement Legault au cours des prochains mois.
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