Assisterons-nous au Québec de la prière dans les institutions d’enseignements? Une organisation musulmane et un groupe de défense des libertés civiles demandent à la Cour d’appel du Québec d’entendre leur contestation d’une décision de première instance qui a maintenu pour l’instant l’interdiction de tout espace pour prier dans les écoles publiques de la province.
Rappelons que le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, invoquant la Loi sur la laïcité de l’État, a interdit en avril aux écoles publiques du Québec de mettre des espaces de prière à la disposition des élèves. Les deux organismes qui contestent le décret ont souligné que les prières musulmanes nécessitaient une « action physique ».
Laura Berger, une avocate de l’Association canadienne des libertés civiles, a notamment souligné que l’affaire sur le fond ne serait pas entendue avant le retour en classe des élèves à la fin du mois d’août. L’avocate du gouvernement, Isabelle Brunet, a par ailleurs reconnu que l’interdiction limitait certains droits individuels, mais elle a plaidé que les gouvernements québécois successifs avaient décidé de retirer la religion des institutions publiques. La suspension de l’interdiction, a-t-elle soutenu, empêcherait de fait les autres élèves de fréquenter une école entièrement laïque. Stephen Brown, p.-d.g. du Conseil national des musulmans canadiens, a expliqué en mêlée de presse que l’interdiction de la prière ouverte à l’école portait atteinte aux libertés religieuses fondamentales et transformait les élèves pieux en « citoyens de seconde classe ».
Le juge Robert Mainville, de la Cour d’appel, a déclaré qu’il croyait pouvoir se prononcer plus tard cette semaine sur l’autorisation d’en appeler de la décision du juge de première instance concernant la demande d’injonction.
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