Comme le suggérait le regretté auteur de La Fabuleuse histoire d’un royaume, Ghislain Bouchard, notre région regorge de talents de toutes sortes et ce dans tous les domaines. L'actualité courante n'est pas sans nous le rappeler, de toutes les manières.
La rareté de la main d’œuvre révélée pendant la pandémie a mis en lumière une réalité que plus personne ne met en doute: l’immigration doit faire partie de la solution. Chez nous, des gens d’affaires comme Luc Boivin, de la fromagerie du même nom, les producteurs de bleuets et de nombreux agriculteurs ont saisi le message. Le cégep de Saint-Félicien aussi veut faire sa part.
Étudiants refusés
Mais les embûches restent nombreuses. Chez l'élite politique, particulièrement chez les nationalistes dont la CAQ fait désormais partie, la venue de ces immigrés soulève de sérieuses appréhensions. Le journal Le Devoir (étiqueté nationaliste) évoquait la semaine dernière ce refus du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) de refuser d’émettre certains Certificats d’Acceptation du Québec (CAQ) à des étudiants tunisiens du cégep de Saint-Félicien pour des stages dans des résidences pour personnes âgées (RPA).
Programme efficace
Les RPA représentent pourtant un secteur où les besoins sont criants et où des gens de chez nous, du cégep de Saint-Félicien, ont élaboré un programme d’Attestation d’études collégiales. Bernard Naud, un conseiller pédagogique au cégep de Saint-Félicien a créé un partenariat en collaboration avec un ex-collègue, Wassef Ben Ounis, qui dirige le Wiki Academy en Tunisie. Ensemble, ils ont créé un cours technique, une attestation d’études collégiales (AEC) en intervention en travail social avec une spécialité en ressource intermédiaire.
Ces étudiants de langue française, formés par des professeurs québécois, viennent compléter leur troisième année au Québec par des cours pratiques sous forme de stage. Les résidences hébergeant ces personnes âgées ou handicapées reçoivent cette main d’œuvre avec soulagement. C’est ce qui est arrivé avec les premières cohortes...mais voilà qu’à la troisième cohorte, Québec refuse le certificat d’acceptation à plusieurs étudiants parmi la vingtaine qui devait se présenter au début de l’année.
Bloqués par Québec
Le certificat d’acceptation délivré par Québec constitue la première étape précédant l’acceptation par Ottawa d’un permis d’étude. Du côté du ministère québécois, on allègue que les étudiants ne viennent pas pour les études, mais pour occuper un emploi dans une entreprise dans le cadre d’un stage rémunéré. Le MIFI craint particulièrement que des entreprises contournent les règles pour embaucher des travailleurs étrangers déguisés en étudiants.
Comment expliquer que les premiers étudiants ont reçu sans problème leur CAQ et que ceux de la dernière cohorte soient bloqués pour entrer au Québec? Il s’agit pourtant de la même formation, du même programme et du même cégep. Et beaucoup des étudiants ayant complété leur stage au Québec sont soutenus par leurs employeurs pour demander un permis de travail afin continuer d'occuper leur emploi.
Du côté des fonctionnaires on explique le revirement de situation par une divergence d’interprétation du règlement. Quand les choses vont trop bien, il y a toujours un fonctionnaire pour mettre du sable dans l’engrenage. Dans son programme, la CAQ fait état du rapatriement des pouvoirs d’Ottawa vers Québec en matière d’immigration. Mais quand on observe leur gestion dans ce domaine précis du programme de certification, un fait demeure: rien ne garantit que le Québec ferait mieux que le Canada en matière d’immigration.
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