Même avant sa venue au pouvoir en 2018, le gouvernement de la CAQ amenait dans ses dossiers la solution pour contrer la démographie et la rareté de la main-d’œuvre au Québec. Pour François Legault et son équipe, tout passerait par l’immigration.
Il fallait mettre en place des programmes qui s’appliqueraient tout particulièrement en région; des incitatifs pouvant attirer des immigrants de langue française avec des compétences qui devaient combler le déficit en main-d’œuvre.
On a tout d’abord élaboré, à la sortie de la pandémie, le programme d’accompagnement et de soutien à l’immigration, puis, l’an dernier, celui de la réduction des droits de scolarité pour les étudiants internationaux qui s’inscrivent dans des cégeps et des universités en périphérie des grands centres.
Résultat éclatant
L’application de ces programmes a mené à un résultat bien au-delà des espérances. Aujourd’hui, les organismes responsables de l’accueil des immigrants sont débordés et les municipalités rencontrent de sérieux problèmes de pénurie de logements.
Par exemple, dans une déclaration rapportée par le journaliste, Guillaume Roy, du journal Le Quotidien, l’organisation financée par Québec, Portes ouvertes sur le Lac, évaluait le dépassement de la cible d’accueil à 297% en 2021-22 et 191% en 2022-23 sans que l’aide gouvernementale ait suivi cette progression. Loin de là, puisque l’organisme accuse un déficit de 500 000 $ au cours des trois dernières années.
Crise du logement
Les municipalités, qui réclamaient de nouveaux arrivants pour combler les écarts démographies en région doivent composer avec un nouveau problème : la crise du logement. C’était à prévoir avec toutes les nouvelles exigences des villes auprès des entrepreneurs, plusieurs ont hésité à investir dans la construction immobilière.
La ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau a reconnu le problème et force le déblocage des chantiers de construction un peu partout au Québec en forçant les villes à réduire les entraves règlementaires. La ministre expliquait que les promoteurs attendent trop longtemps avant d’obtenir leur permis et que, bien souvent, les élus ne sont pas au courant que ses projets sont déposés puis bloqués.
Saguenay aussi connaît ce genre d’entrave soutenu par des fonctionnaires en mal d’autorité. Plus d’un promoteur s’est buté à ces modifications au zonage, les normes de densification et de la lourdeur administrative.
Le temps presse
Avant que des logements puissent être disponibles, il faudra compter plusieurs mois, quelques années peut-être. Sans compter qu’à Saguenay on souhaite toujours accueillir les grands projets qui flottent dans l’air saguenéen depuis quelques années déjà. Il faudra bien loger cette nouvelle main-d’œuvre aussi, mais rien ne semble prévu à cette fin dans les plans de la ville.
En tout cas certainement pas dans le dernier plan triennal, dont on vient d’adopter en vitesse 19 avis de motion pour des emprunts de 64 M$ afin d’assumer les coûts des travaux prévus au cours des prochaines années. Peut-être que le prochain budget, qu’on doit présenter avant Noël, tiendra compte de cette nouvelle réalité. Parce que, pour une bonne part, les coûts reviendront immanquablement aux municipalités et à leurs payeurs de taxes.
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