Il n’est pas toujours indiqué de dire ce que l’on pense particulièrement en politique. La mairesse, Julie Dufour, croit que certains pompiers font preuve d’homophobie.
En tout cas, des rumeurs persistantes à cet effet sont venues aux oreilles de pas mal de monde à l’hôtel de ville. Pour ma part, des sources sûres m’informent que certains membres des pompiers de Saguenay s’amusent à ridiculiser leur directeur de service en raison de son orientation sexuelle.
Tête brûlée
Ça se peut fort bien parce que des têtes brûlées on en trouve dans tous les domaines de notre société. Même chez les sportifs dont certains font preuve de racisme à l’égard d’adversaires ou chez des motoneigistes qui s’amusent à détruire une plantation d’arbres comme on a appris récemment à Alma.
Mais dans le cas des genres, c’est comme moins acceptable parce que l’identification d’un « genré » peut créer la discrimination. C’est précisément le cas dans le cercle des pompiers. Un des leurs a même poussé l’absurdité jusqu’à porter un chandail portant une inscription homophobe dirigée directement contre son supérieur, ce qui lui aurait valu son renvoi immédiat.
Protégé l’autorité
On peut comprendre que Mme Dufour a voulu protéger son directeur de service directement pointé du doigt par les membres du syndicat des pompiers qui imputent à ce haut cadre les raisons des relations tendues à l’intérieur du service. Récemment, à l’occasion de la tenue de la séance du conseil de ville à La Baie, le vice-président du syndicat remettait une pétition signée par 95% des membres demandant un changement de garde à la tête du corps de pompiers.
Depuis plusieurs années, les pompiers se plaignent d’un mauvais climat de travail. Ils profitent de la période de négociations pour soi-disant identifier la source de leurs frustrations.
Changement de culture
En fouillant un peu dans l’histoire, on se rappelle que la fusion des sept municipalités de Saguenay a mis fin au double travail des policiers-pompiers. Au Québec, les villes sont sous la coupe du ministère des Affaires municipales et les fusions constituant des villes de 100 000 habitants et plus doivent posséder un corps de pompiers indépendant.
De plus, on leur impose, tout comme aux plus petites municipalités, un schéma de couverture de risque dont les exigences techniques, administratives et matérielles requièrent des investissements importants.
Ces nouvelles obligations ont nécessité l’embauche de ressources supplémentaires afin de sécuriser un immense territoire. On a dû trouver aussi un coordonnateur afin de gérer ces nouveaux employés entraînés pour combattre des incendies intermittents, mais payés pour travailler à plein temps.
Mettre les gens au travail
La permanence impliquait donc de nouvelles obligations de la part des employés pompiers. Et il fallait trouver une autorité compétente afin planifier le travail de ces fraiches ressources, dont les nouvelles responsabilités touchaient particulièrement la mise en place de mesures de prévention.
Selon mes sources, dès son entrée en fonction au début des années 2000, le directeur du service, à la demande de l’administration municipale, a mis de l’avant ces nouvelles mesures, comme le porte-à-porte pour la vérification des détecteurs de fumée et autres accessoires préventifs (ex : extincteurs résidentiels). Ce qui ne convenait pas à la majorité des membres du syndicat des pompiers de Saguenay.
Par ailleurs, l’obligation par la loi pour les pompiers de prendre leur retraite à 53 ans en raison des risques élevés que représentent les interventions aux incendies, entraîne de l’inquiétude chez beaucoup de leurs membres. Afin de compenser pour les quelques années manquant pour arrondir leur fonds de retraite personnelle, les syndiqués exigent d’effectuer du travail supplémentaire. Ce qui contrevient au plan de restriction budgétaire des administrateurs de la ville de Saguenay et qui créé ce nœud géorgien qui freine pour le moment la possibilité d’entente. Et l’accusation d’homophobie lancée par la mairesse à l’égard des syndiqués n’arrange pas les choses.
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