À voir et à entendre les membres du conseil municipal s’autocongratuler comme si tout roulait rondement à la ville de Saguenay, on donne l’impression qu’on avance dans la bonne direction. Ces excès de positivisme cachent souvent une réalité que notre système démocratique permet encore d’exposer au grand jour. 

Positivisme excessif 

Le conseiller Kevin Amstrong est le champion incontesté des envolées oratoires remplies de bienveillance et de renforcement positif. Quelquefois, trop c’est trop.  

Au dernier grand conseil, il a rappelé entre autres l’efficacité du service de pompier de la ville de Saguenay dont il est le représentant à la table du conseil. Selon lui, ces sapeurs travaillent sans compter avec ardeur et conscience pour mettre toute la population en confiance. 

Personne ne conteste la bonne volonté et les difficultés que doivent affronter sporadiquement les pompiers et pompières, surtout en ces temps de ces tragiques feux de forêt. Cependant, M. Amstrong devrait apprendre à nuancer ses propos parce que, la perfection n’est pas de ce monde et on peut se poser des questions sur des interventions des employés municipaux. 

Témoignages visuels 

Récemment, dans un boisé au bout de ma cour partagée par d’autres voisins, le feu s’est déclaré dans la cime d’un arbre dont l’une des branches touchait à un fil haute tension. Nous sommes ici en bordure du Parc de la Rivière du Moulin, à peine à cinq minutes de la caserne du boulevard Université. 

Au moins quinze minutes après l’appel lancé, une unité de pompier se présente. Comme nous, les sapeurs examinent cette branche qui se consume en projetant ses flammes vers le ciel. Les pompiers réagissent en sécurisant les lieux avec une bande de ruban rouge.  

À l’étonnement des propriétaires, inquiétés par le bruit du frottement du fil coupable, on observe aucun déploiement d’équipement quelconque des pompiers présents, mais l’un des leurs, tire un appareil téléphonique de son attirail pour appeler… Hydro-Québec. 

Intervention éclair 

L’escouade de trois pompiers et d’une pompière se retire peu après l’arrivée des préposés d’Hydro-Québec. Armés d’un coupe-branche télescopique, on élague la branche carbonisée.  Et les travailleurs d’Hydro-Québec partent sans demander leur compte.  

Devant les voisins étonnés, on prend tout de même le temps d’expliquer que de telles interventions sont communes dans la ville de Saguenay parce que, même dans les nouveaux quartiers, les fils se baladent partout au-dessus des arbres.  Il faut comprendre que lorsqu’on a installé le transport d’électricité derrière ces maisons, la flore sortait à peine du sol. 

Juste à temps 

Cette intervention remonte à seulement une semaine avant le déclenchement des grands feux de forêt. Quelques jours de plus et l’incomparable site du parc de la Rivière du Moulin aurait pu se transformer en un furieux incendie avec toutes les conséquences qu’on vit encore aujourd’hui. 

Je ne connais pas ce que prévoit le schéma de couverture de risque dans un cas comme celui concernant les arbres effleurant les fils, mais je sais qu’en Abitibi, entre autres, cette proximité a été identifiée comme l’une des causes de ces incendies dévastateurs.  

Sans doute, le conseiller responsable du service a bien raison de souligner le courage de ces combattants du feu, mais à travers ses éloges enflammés il devrait aussi tenir en compte qu’une partie de leur travail inclut la prévention. Ce n’est pas l’impression que nous laisse l’anecdote rapportée plus haut.