On s’en doutait, mais c’est maintenant confirmé : les policiers de Saguenay sont de plus en plus confrontés à des problèmes de santé mentale ou liés à l’itinérance. Dans son rapport d’activités pour 2023, le Service de police de Saguenay (SPS) parle d’une hausse alarmante des cas de détresse psychologique.
Depuis 2019, le nombre d’appels en lien avec la santé mentale n’a cessé d’augmenter, passant de 1037 à 1898 l’an dernier, soit une hausse de près de 75 %. Quant aux appels reçus pour des problèmes liés à des personnes en situation d’itinérance durant la même période, ils ont littéralement explosé. Les policiers ont dû effectuer 1923 interventions en 2023, comparativement à 281 en 2019. C'est une augmentation de plus de 584 % depuis 4 ans.
Dans son rapport, le SPS précise avoir mis en place plusieurs mesures pour réduire le nombre d’infractions commis par ces gens identifiés comme particulièrement vulnérables et augmenter le sentiment de sécurité des citoyens, surtout ceux fréquentant le centre-ville de Chicoutimi. La surveillance par la patrouille à vélo ainsi que les vérifications des endroits jugés problématiques ont notamment été augmentées.
Escouades spécialisées
Deux escouades spécialisées ont aussi été mises en place pour améliorer les interventions auprès de personnes en crise ou perturbées mentalement. La première, soit deux équipes formées d’un policier et d’une intervenante du réseau de la santé, a permis de réaliser 715 interventions depuis 8 mois. Dans 57% des cas, c’étaient pour des intentions suicidaires. Et dans 60% des situations, les citoyens qui ont été pris en charge n’avaient aucun antécédent en santé mentale dans le réseau de la santé.
L’autre escouade, formée d’un patrouilleur et d’un intervenant psychosocial, vise à améliorer les pratiques auprès des personnes en situation d’itinérance et de vulnérabilité. Ils tentent de trouver des solutions aux enjeux de sécurité et de cohabitation. L’équipe les dirige également vers des services et ressources appropriés en fonction de leurs besoins.
Le conseiller et président de la commission de la sécurité publique de Saguenay, Kevin Armstrong, a commenté la situation. « Souvent, ce ne sont pas des enjeux policiers à la base. Les policiers sont formés pour ça, mais du moment que ça devient des enjeux davantage de santé, on ne peut plus faire ce qu’on faisait il y a quelques années et travailler en silo. Ce sont nos citoyens qui vivent ces situations. Il faut une approche en synergie, travailler en amont de ces problèmes-là et poser des gestes qui sont durables. »
Dernier dénombrement
Rappelons que le dernier dénombrement effectué par le Service de travail de rue de Chicoutimi à l’automne 2022 faisait état de 147 personnes en situation d’itinérance, dont 12 femmes. Au moins 22 autres personnes étaient en situation critique de devenir itinérantes et 26 campements différents avaient été répertoriés.
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