
Le phénomène des «places fantômes» en garderie fait des ravages dans le réseau des Centres de la petite enfance (CPE) au Québec. Une famille de Chicoutimi en aurait fait l’expérience lorsqu’ils ont décidé d’emmener leur enfant à l’Académie des Mini-Amours, la garderie dirigée par les filles de la ministre Andrée Laforest.
Selon Radio-Canada, le couple formé de Maxime Simard et Laurianne Yockell, de Saguenay, s’est fait contacter par la ministre par message texte, après que M. Simard ait fait une dénonciation dans la boîte vocale du bureau de la circonscription de la ministre. Le couple dénonçait la demande d’un paiement rétroactif qui aurait été lancée par Andréanne Laforest-Allard, actuelle copropriétaire de la garderie et fille de la ministre. Le couple voulait inscrire leur enfant prénommé Albert à la garderie en février après la fin du congé parental de Mme Yockell.
Mais Andréanne Laforest-Allard leur aurait répondu que les inscriptions avaient débuté en septembre, en demandant au couple de payer rétroactivement du mois de septembre jusqu’à l’entrée dans la garderie d’Albert en février suivant, un coût de 6 300$, à coût de 60$ par jour. Le couple se serait senti pressé de payer les frais réclamés par Mme Laforest-Allard, cette dernière disant que le couple allait être remboursé en partie grâce aux crédits d’impôt pour les frais de garde d’enfant.

Or, les parents d’Albert ne peuvent pas bénéficier du fameux crédit, vu que leur enfant n’a pas été enregistré dans la garderie à la date demandée.
Un appel entre la ministre Laforest et le père de famille a été fait et la ministre lui aurait dit plusieurs fois qu’elle était en conflit d’intérêts, sans forcément terminer la conversation. Selon la professeure agrégée à l'École d'études politiques de l'Université d'Ottawa, Geneviève Tellier, le fait que la ministre n’ait pas raccroché tout de suite la place dans un conflit d’intérêts qui pourrait attirer l’attention du Commissaire à l’éthique de l’Assemblée nationale.
La ministre se défend d'avoir voulu faire une intervention directe en faveur de sa famille. L’attaché de presse de la ministre plaide pour sa part que Mme Laforest était visiblement malaisée lors de l’appel, alors qu’elle a exprimé 16 fois qu’elle était en conflit d’intérêts et qu’elle «essaye de comprendre la situation pour qu’un employé de son bureau puisse assurer le suivi approprié». Le couple soutient pour sa part, enregistrement à l’appui, qu’Andrée Laforest défend le CPE et ses filles au cours de l’appel.
Les propriétaires du CPE, de leur côté, nient la demande de paiement rétroactif. La Loi sur la protection du consommateur (LPC) stipule par ailleurs que tous les services de garde sont visés par l’article 192, qui précise qu’il est illégal de faire payer les parents à l’avance. Contrevenir à la loi pourrait entraîner des amendes salées: de 2 000 $ à 100 000 $.
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