Les routes de Patricia Lessard et de René Pearson se sont croisées il y a 71 ans et ne sont plus jamais séparées depuis. Le couple d’Alma fêtait son 70e anniversaire de mariage au mois de mai dernier.
« Voulez-vous danser? », demanda René Pearson à Patricia Lessard en 1953 lors d’une soirée dansante à l’église Saint-Sacrement. « Avec plaisir », lui répondit la jeune femme. Une question et une réponse qui signeront le début d’une union qui perdure encore aujourd’hui. « C’est l’amour. C’est l’amour qui nous a tenus ensemble », lance sans hésitation Patricia Lessard quand on lui demande le secret de son mariage. « Et puis notre force, poursuit-elle, ça a été le respect et le dialogue. C’est important, très important de se parler. »
Patricia Lessard et René Pearson ont prononcé leurs vœux un an après leur rencontre. Ils étaient respectivement âgés de 19 et 20 ans. « Vu qu’on n’avait pas l’âge légal pour se marier, j’avais dû convaincre mon père de nous en donner l’autorisation. Mais il voyait bien que nous étions en amour, alors il a accepté. Ça a été ma première victoire! » raconte René Pearson.
En avance sur leur temps
Patricia Lessard estime que la liberté qu’elle et son mari se sont toujours accordée a aussi beaucoup contribué à la longévité de leur union. « Je me souviendrai toujours quand, dès le début, René m’a dit que je ne serais jamais son esclave. Il faut savoir qu’à ce moment-là, quand un homme parlait, c’était comme si le Bon Dieu parlait. » Par ailleurs, ce qui rend l’histoire de Patricia Lessard et de René Pearson inspirante, ce n’est pas tant la durée de leur mariage, mais plutôt la façon dont, même après 70 ans, ils continuent de participer au bonheur de l’autre.
« Nous nous ne sommes jamais empêchés de faire ce qu’on avait envie de faire. Chacun était libre de poursuivre ses propres rêves. Et quand on se retrouvait ensemble après avoir été séparés quelques jours, on avait toujours plein de choses à se dire. Et on s’écoutait. Nous étions une équipe. »
Deuil
S’ils ont surtout vécu des moments lumineux, le couple a aussi connu des jours plus sombres, le plus triste d’entre eux étant sans doute celui du décès de leur fils Ghislain.
« Ce qui nous a consolés, c’est que nous avons seulement gardé de beaux souvenirs de lui. Nous parlions beaucoup avec notre fils, nous étions proches. Alors, quand il est parti, nous n’avions rien à regretter. Et puis, nous savions qu’il était mort heureux et sans douleur. » Ghislain Pearson, frère de trois sœurs, est mort dans son sommeil il y a trois ans. « Quand nous avons vu son visage, il avait tellement l’air serein. Ghislain était très spirituel, c’est comme s’il avait trouvé ce qu’il cherchait », concluent ses parents, visiblement sereins eux aussi.
Unis en amour…et en affaires!
Unis en amour, René Pearson et Patricia Lessard l’ont aussi été professionnellement. Ensemble, ils ont fondé le Havre de l’Hospitalité à Alma. La maison qui accueille l’organisme le long du chemin Villebois a été construite en 1956 par Paul Robitaille qui souhaitait alors y loger sa famille de dix enfants. En 1983, elle a été achetée par la Corporation du Havre de l’Hospitalité, dont René Pearson et Patricia Lessard étaient à la tête.
« Nous avions terminé d’élever nos quatre enfants et nous voulions tous les deux utiliser notre temps pour aider les autres, peu importe la nature de leurs problèmes. C’est pour ça que nous avons créé le Havre de l’Hospitalité », résume René Pearson.
Il faut savoir que ce dernier était aussi diacre en même temps qu’il occupait un poste chez Abitibi-Price. Il avait depuis longtemps l’intention de devenir missionnaire à l’étranger une fois ses enfants adultes.
« Mais mon évêque m’a fait réaliser que je pouvais être en mission, ici, à Alma. Alors, le Havre de l’Hospitalité, ça a été notre mission à ma femme et moi. »
Avant d’ouvrir le Havre, Patricia Lessard et René Pearson sont retournés aux études afin de suivre une formation en relation d’aide. Ils sont tous deux détenteurs d’un diplôme universitaire.
Pour aider son prochain
Le Havre de l’Hospitalité est une maison de ressourcement mise à la disposition des groupes, des familles et des personnes dans un cadre favorisant la croissance et le développement personnel. Le Havre donne accès à des infrastructures permettant la réalisation d’activités variées, comme des formations, des réceptions, des rassemblements, des retraites, ou encore des réunions professionnelles.
La maison accueille bon an, mal an entre 12 000 et 14 000 personnes. Ses services ont d’ailleurs été fortement sollicités dès son ouverture il y a 30 ans. « On manquait tout le temps de places », affirme Patricia Lessard.
Ainsi, au fil des ans, plusieurs modifications et ajouts ont été apportés à la maison afin qu’elle puisse répondre aux besoins croissants.
L’œuvre d’une vie
René Pearson et Patricia Lessard sont toujours impliqués dans le conseil d’administration du Havre. Ils se disent tous deux « très satisfaits » de ce qu’ils ont accompli là-bas.
« Nous y avons toujours mis notre cœur, insiste Patricia Lessard. Et je pense que les gens le savaient et que c’est pour ça que nous n’avons jamais eu trop de misère à trouver des bénévoles pour nous aider. C’est important de le dire : le Havre n’aurait pas pu exister sans tous les bénévoles qui lui ont donné de leur temps. »
(418) 546-2525
ckaj@ckaj.org