• Éditorial: Richard Banford

Les catastrophes climatiques, le prix de l’essence, les milliards investis dans Trans Mountain, le scandale d’Équipe-Canada et maintenant les irréparables erreurs du service des passeports, la gouverneure générale qui se paie un traiteur à 80 000$. Le gouvernement d’Ottawa n’en finit plus de réparer les pots cassés.

Avec le dossier des passeports, on observe jusqu’à quel point plus la machine bureaucratique prend du poids, plus les erreurs de gestion prennent de l’ampleur. Et tous les moyens semblent acceptables pour rouler le bon payeur de taxe dans la farine.

Le premier ministre canadien Justin Trudeau, lui-même abasourdi par tant de dérives au sein de son gouvernement, tente de se sortir de ce bourbier en invoquant la pandémie pour expliquer l’explosion de la demande de passeports depuis mars dernier. On n’a pas remplacé le personnel perdu durant la pandémie et ceux embauchés depuis n’ont pu suivre leur formation à temps. Pourtant le syndicat n’a jamais cessé de réclamer de nouvelles ressources depuis beaucoup plus longtemps.

La ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social, responsable de la gestion des passeports, Karina Gould, affirme que la demande dépasse de beaucoup celle qu’on connaissait avant le début de la pandémie. Selon Radio-Canada, des recherches montrent au contraire qu’il y a deux fois moins de demandes en mars 2022 qu’en mars 2019. Plus on tente de s’expliquer, plus on s’enfonce dans un gouffre d’insignifiance et de tromperies administratives.

Ministre contredite

Plus le mensonge est gros, plus on a des chances qu’il soit cru. Tandis que beaucoup de montréalais excédés par les attentes d’un rendez-vous pour l’obtention d’un passeport arrivent en grand nombre à Saguenay dans l’espoir d’obtenir le précieux document plus rapidement, la ministre se contredit devant les journalistes en ce qui a trait à la gestion de cette crise. Elle prétend que les gens ayant leur preuve de voyage reçoivent leur passeport...prétention aussitôt démentie par le vice-président de l’Association des agents de voyage, Éric Boissonneault.

Jamais elle ne porte la responsabilité sur l’incurie de la bureaucratie dont les gestionnaires perçoivent des salaires de 250 000$ à 300 000$ par année, bonus non compris. Jamais ces mandarins de la fonction publique n’ont cru bon douter de la résurgence d’une demande excédentaire de passeports après la pandémie. Avec le résultat qu’on connaît.

Un jour la ministre dit qu’on ne doit pas faire l’achat d’un voyage avant d’avoir son passeport. Le lendemain? On nous exige d’avoir une preuve de voyage pour obtenir son passeport.

Bureaucratie empêtrée

C’est l’exemple même de cette bureaucratie empêtrée dans ses décisions incohérentes par un manque de leadership politique qui n’ose affronter cette puissante machine administrative. Non seulement la jeune ministre Gould perd toute crédibilité dans cette gestion de crise, mais elle risque fort d’entraîner son chef et tout le gouvernement vers la sortie au cours des prochaines élections.

Alors que l’inflation grimpe en flèche, rien ni personne ne peut autoriser une telle dérive de la fonction publique. Et comme le politique passe et le fonctionnaire demeure, c’est le premier qui devra laisser sa place. D’autant plus que les bourdes se multiplient  à un rythme effarant depuis quelques mois.