Par Jean-Dominic Lepage

Si le titre rappelle sûrement de la nostalgie pour ceux qui ont suivi cette série culte durant les années ‘90 pour moi elle a un goût plutôt amer quand je l'évoque avec ma ligue bien aimée...

Tout comme les moeurs dans le crime organisé j’ai l’impression que la loi du silence est bien ancrée dans les annales de la ligue. Lors de la saison dernière, un mouvement de mécontentement avait permis d’avoir une mise à jour hebdomadaire sur les suspensions décernées durant le weekend. Chassez le naturel et il reviendra au galop ! Cette saison, cette bonne habitude a disparu, au grand dam des partisans et des membres des médias qui tentent de suivre les activités d’une ligue qui se dit pourtant sérieuse. On aime bien se plaindre que l’exposition médiatique nationale est mince, encore faudrait-il que l’information soit disponible.

Lors du match du 21 mars 2025, dans un point tournant de la série entre les Éperviers de Sorel et les Marquis de Jonquière, il est arrivé une bévue assez anodine. L’entraîneur-chef de Sorel, Christian Deschênes, remplit et signe son alignement de départ. Évidement qu’en 2025 un alignement ne se remplit plus à la main. Alors en désirant choisir le numéro 4 Simon Danis-Pépin il inscrit plutôt le numéro 3 Maxime Danis. Est-ce que le grand manitou des Éperviers voulait mal faire ? Fort à parier que non, mais en séries toutes les stratégies sont bonnes. De toute façon, on ne le saura jamais et ça reste spéculatif. Restons dans les faits. Les faits sont qu’il a SIGNÉ l’alignement. La signature... un geste devenu tellement banal à la suite de la pandémie. Mais ça demeure un geste officiel dans toutes les sphères de la vie. Lorsqu’on le fait, on doit être certain de ce qu’on avance.

La période d’échauffement se déroule normalement, outre l’absence évidente du numéro 3 et la présence du numéro 4. Le dirigeant de Sorel a eu beaucoup de temps pour tenter de réparer son erreur. Mais rien, le match commencera sans tambours ni trompettes. Lors de la première présence de Danis-Pépin, Bob Desjardins consulte les officiels en poste. Ceux-ci se dirigent au banc du chronométreur pour constater la coquille et retournent donner leur verdict au banc des visiteurs. Pour eux, tout est normal. Ce n’est pas de leur ressort. Le jeu continue donc avec le géant défenseur au banc des Éperviers et l’absence de l’ancien Marquis. Même pas de pénalité mineure de banc. Le calme plat ! Les Marquis perdront le match dans un pointage sans équivoque de 4 à 0. Est-ce que la bourde administrative des sorelois a à voir dans l’issue du match ? Je ne pense pas. Les Verts sont les seuls à blâmer pour une performance en dents de scie. Je n’en ajouterai pas plus. Ils sont beaucoup mieux placés que moi pour le savoir.

J’ai parlé de la loi du silence au début de ma réflexion. Je me suis déjà égaré un peu mais je vais y revenir. Dès la fin du match on tentera de se faire justice du côté de Jonquière. Il faut quand même se rappeler que l’erreur est toujours impunie jusqu’à présent. Le processus est déclenché. On contacte les grandes instances puis la ligue et on dépose un protêt. Ce n’est pas un mot qu’on prononce souvent dans le hockey mais il s’agit d’une expression très forte. Cette bataille se déroule en coulisses mais les rumeurs sont maintenant parties.

On parle déjà des sentences qui ont été prononcées dans le passé vis-à-vis un tel parjure, la fameuse défaite par défaut. Je ne vous cacherai pas que j’y ai songé. Je suis un partisan de longue date. J’aime quand mes Marquis sont victorieux. Mais mon passe-temps de journaliste essaie plutôt d’avoir une réponse claire. Ayant déjà consulté à plusieurs reprises les règlements de la ligue, je me lance donc à la recherche du texte qui pourrait m’aider à voir au travers du brouillard. Rien n’est disponible en ligne.

Pourtant, on ne parle pas des états financiers des équipes. Les règles ne devraient-elles pas être disponibles à ceux qui suivent les activités de la ligue ? Disons que ce n’est pas un très bon départ pour une ligue qui essaie de crier à tous les médias nationaux qu’elle est professionnelle. Le temps file jusqu’au moment de la quatrième partie. Aucune nouvelle, ne serait-ce qu’une rumeur qu’une décision sera annoncée à 19h. Au moins, ça serait avant le match. On pourrait s’y faire, mais non, silence radio. La joute se joue avec le spectre de la possible élimination des Marquis et toujours aucune conséquence pour les Éperviers. Imaginez-s ’il avait fallu que les Marquis perdent et que la décision aurait renversé l’élimination des Verts... Mettons que le professionnalisme de la LNAH en aurait pris pour son rhume. Le protêt est maintenant vieux de 24 heures et toujours rien. Mais au moins la série n’est pas terminée et le temps ne joue plus en la défaveur de personne.

Cependant, la pression sur ceux qui doivent statuer ne fait qu’augmenter. Qu’est-ce qu’on attend pour rendre une décision qui semble pourtant si facile à démêler? Il s’agit d’un règlement sans équivoque. Il n’est pas possible de l’interpréter. Lorsque la rondelle quitte la surface glacée depuis la zone défensive des mains d’un joueur défensif, on donne une pénalité mineure pour le geste sans égard à l’intention du joueur. Pourquoi avoir attendu 84 heures pour avouer ses torts? Si le professionnalisme de la ligue en avait déjà pris pour son rhume, hé bien on est rendu à une pneumonie ! Et je peux me permettre d’être aussi incisif puisque la LNAH a même cité son propre livre des règlements dans le communiqué qui a annoncé la sentence des Éperviers.

"Si un joueur évolue lors d’une partie sans être inscrit sur la feuille de pointage, le joueur sera expulsé dès que l’officiel sera avisé par l’entraîneur de l’équipe adverse. Une amende et une pénalité de deux minutes seront décernées à l’équipe fautive. L’équipe fautive ne perd pas la partie automatiquement."

Trois jours et demi pour statuer sur ces 4 lignes de texte! Franchement. Il fallait demander la permission à qui ? Fallait-t-il vraiment faire une commission d’enquête pour en arriver à une décision? Au moins, le ridicule ne tue pas. Le pire dans l’histoire c’est que la ligue n’essaie même pas de trouver un prétexte pour diminuer la culpabilité de l’équipe de Sorel. On avoue tout bonnement qu’ils sont en tort et on leur offre un parachute doré en prime. On dirait une ligue de garage qui joue sans officiels et dans laquelle les joueurs s’accordent ensemble lorsqu’il y a hors-jeu pour reprendre derrière le filet. C’est carrément amateur!

En terminant, avant que je ne me perde encore davantage dans mes pensées, j’aimerais quand même souligner que je ne dis pas que les Marquis auraient dû égaliser la série à la suite de ce protêt. Imaginez 2 petites secondes s’il s’agissait du point tournant de la série et que Jonquière aurait sorti Sorel. Il y aurait toujours eu un astérisque sur cette victoire puisqu’elle n’aurait pas été acquise sur la glace. Les Marquis sont entièrement responsables de leur perte en ce moment et n’ont qu’à se fier à eux-mêmes s’ils désirent se sortir de ce guêpier. Mais je ne sens pas que justice a été rendue. Pour moi la sanction aurait dû être la suivante: les Marquis auraient débuté avec un avantage numérique de 2 minutes au début du match numéro 5. Les Éperviers auraient eu le choix d’aligner 20 joueurs incluant Maxime Danis et excluant Simon Danis-Pépin..ou bien jouer à 19 joueurs si pour une raison ou une autre le numéro 3 de Sorel était indisponible, mais toujours SANS la présence du vétéran défenseur.