• Éditorial: Richard Banford

Les conseillers municipaux à Saguenay ne s’en cachent même plus: ils répètent aux professionnels de l’information qu’ils n’ont pas le droit, de leur propre initiative, de prendre la parole au nom de la ville.

Je mentionnais, dans un commentaire antérieur, qu’un communiqué émanant du bureau de la mairesse Julie Dufour expliquait littéralement que seule la mairesse pouvait s’adresser aux citoyens au nom de la ville.

Je croyais que ce communiqué aux couleurs dictatoriales relevait d’une erreur de débutant et que la situation se corrigerait dès les premières contestations publiques. Eh bien non! Il s’agit bel et bien d’une directive de notre mairesse et personne n’a osé dénoncer cet autoritarisme digne d’une république de bananes.

Dufour la chroniqueuse

Mme Dufour, celle-là même qui critiquait vertement le manque de transparence de l’administration Jean Tremblay à l’occasion de ses participations mensuelles systématiques au micro du 92,5 CKAJ après chaque conseil de ville, ferme le clapet à tous ses conseillers. Jamais l’ex-maire Jean Tremblay n’est intervenu pour répondre aux attaques de sa conseillère. S’il avait fallu que l’administration Tremblay impose une telle conduite aux 17 conseillers de l’époque, croyez-vous que les Réjean Laforest, Sylvie Gaudreault, Jean-Eudes et Serge Simard, Marina Larouche, Jean-Yves Provencher et Luc Boivin (entre autres) seraient demeurés sans réagir?

Silence radio

Et c’est bien ce silence des représentants des 15 districts électoraux qui est inquiétant. Et celui de nos gardiens de la démocratie, les médias, dont certains se montrent complaisants dans cette atmosphère d’omerta.

Les seuls conseillers autorisés à parler des affaires de la ville le sont quand ils obtiennent un dédouanement par la mairesse. Et pas à n’importe quelles conditions.

Évidement, nos conseillers bien installés dans le confort d’une autre augmentation salariale, qui porte leur salaire pas mal au-delà de celui d’un travailleur à temps partiel, n’ont pas avantage à désavouer la cheffe. Ils doivent protéger leur nomination à des comités, ou le remboursement d’un voyage à un congrès de l’Union des municipalités du Québec, par exemple.

Utiliser les compétences

Mme Dufour a pourtant sous la main des compétences à qui elle pourrait confier des dossiers spécifiques. La conseillère Mireille Jean possède des connaissances particulières en tant qu’architecte dans le domaine des villes intelligentes. Elle a reçu une tape sur les doigts en se portant à la défense des citoyens qui protestent contre la construction d’un stationnement à étages au CIUSSS, mais elle est malgré tout intervenue pour freiner la coupe d’arbres centenaires sur la rue Lafontaine. Pourquoi ne pas lui laisser toute la place pour traiter ce genre de dossier?

De même, dans son équipe de conseillers, Mme Dufour pourrait utiliser l’expérience de l’ex-président du syndicat des employés d’aluminium d’Arvida, Jean-Marc Crevier, pour qui les questions touchant le projet de développement de l’industrie de l’aluminium n’ont plus de secrets.

 D’autres conseillers aussi possèdent des champs d’expertise dans divers domaines, pourquoi ne pas leur confier des mandats spécifiques et partager la scène politique municipale afin de dynamiser le développement de notre ville?

 À tout vouloir faire elle-même, la mairesse s’expose à en échapper. Et ce sont souvent ces éclaboussures que les citoyens gardent en mémoire.