Réglements généraux
Cliquez pour télécharger

Les paillis de plastiques agricoles nocifs, révèle une étude

Guillaume Roy - Initiative du journalisme local, Le Quotidien
21 octobre, 2024
L'utilisation de paillis de plastique a cru de 90 % dans la région au cours des sept dernières années, principalement pour la culture du maïs à ensilage. (Photo: Guillaume Roy)

Les paillis de plastique utilisés en agriculture ne se décomposent pas aussi rapidement que le prétendent les fabricants. Les fragments de plastique qu’ils laissent derrière eux représentent un risque pour la santé des sols, de l’environnement terrestre et aquatique, ainsi que pour la santé publique. C’est ce qu’affirment des chercheurs de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), qui notent que l’utilisation de ces paillis a presque doublé au cours des sept dernières années.

Certains de ces paillis sont commercialisés comme oxobiodégradables. Grâce à un additif, le polyéthylène censé se désintégrer en petits fragments sous l’effet des rayons UV est présenté comme pouvant être ensuite décomposé par des micro-organismes. Cette affirmation est toutefois contestée. « La biodégradation complète des plastiques oxobiodégradables est loin de faire l’unanimité dans la littérature scientifique », soulignent les chercheurs de l’UQAC. Leur étude, intitulée Augmentation significative des superficies recouvertes par du paillis de plastique au Saguenay-Lac-Saint-Jean, Québec, Canada, révèle une hausse de 90 % de l’utilisation de ces paillis dans la région au cours des sept dernières années. Cet article, en cours de révision par les pairs, sera publié dans le Journal canadien de la science du sol.

Selon la revue de littérature effectuée, le taux de dégradation varie de 0 à 92 % en laboratoire. Dans les champs, une étude réalisée en Grèce a découvert beaucoup de petits fragments de plastique après 82 mois. Des observations dans les champs faites par l’équipe de l’UQAC ont démontré la présence de macro-fragments de plastique jusqu’à cinq ans après leur application.

«Quand le plastique n’est pas exposé à la lumière, celui-ci se fragmente très peu et se comporte alors un peu comme un sac de plastique ordinaire que l’on aurait enfoui dans le sol, explique Maxime Paré, agronome et auteur principal de l’étude de l’UQAC. Quand le plastique est exposé à la lumière, celui-ci se fragmente en très petits morceaux [microplastiques], des petits fragments difficiles à voir à l’œil nu et dont les micro-organismes peinent à décomposer. La littérature est claire à ce sujet, une grande proportion de ces microplastiques demeure dans l’environnement très longtemps, plusieurs années, voire des décennies. L’utilisation des paillis de plastique pour produire du maïs à grande échelle est un non-sens en 2024.»

Efficace pour faire pousser le maïs en zone nordique

Importé d’Irlande il y a près d’une décennie, le paillis de plastique permet de semer le maïs, d’appliquer des herbicides et de recouvrir le tout d’une pellicule de sept micromètres (0,007 mm) en un seul passage. Cette pellicule augmente la température du sol, optimisant ainsi le rendement du maïs ou du soja dans un climat nordique. De nombreux producteurs laitiers du Saguenay-Lac-Saint-Jean ont recours à cette technologie pour produire du maïs à ensilage destiné à nourrir leurs vaches.

Un risque d’accumulation dans les produits laitiers

En plus des impacts négatifs sur les sols, la documentation établie également que la fragmentation du paillis, constitué de polyéthylène de faible densité, libère des agents plastifiants de la famille des phtalates dans l’environnement.

«Les phtalates sont connus pour être des perturbateurs endocriniens responsables de plusieurs problèmes de santé, dont les cancers du sein et de la prostate, souligne l’étude. Ingérés par une vache laitière via le maïs à ensilage, ces mêmes phtalates seront par la suite préférablement retrouvés dans les substances liposolubles de l’animal telles que les gras et le lait, pour ensuite être reconcentrés davantage dans les produits transformés du lait tels que le beurre et les fromages. Pour toutes ces raisons, l’accumulation et la dégradation des paillis de plastiques dans nos sols agricoles méritent toute notre attention, d’autant plus dans le contexte laitier où une vache en période de lactation peut ingérer plus de 35 kg d’ensilage de maïs par jour.»

La dispersion des fragments vers les milieux aquatiques peut aussi causer d’importants problèmes, notamment à cause de la bioaccumulation des phtalates dans le plancton et les poissons.

Recommandations : cesser l’utilisation des paillis de plastique

«Devant ce constat relativement inquiétant, notre recommandation – basée sur la science – est de cesser dans les plus brefs délais l’utilisation des paillis de plastique», déclarent les chercheurs. Ils proposent d’explorer d’autres cultures, telles que l’orge et l’avoine, pour répondre aux besoins en ensilage des producteurs laitiers de la région, ou de développer de nouveaux hybrides de maïs permettant de renoncer à l’utilisation de paillis plastiques. L’adoption de paillis biosourcés pourrait également constituer une option intéressante.

Catégories

Catégories

Partagez votre opinion sur l'actualité, nous sommes à l'écoute de nos auditeurs.

(418) 546-2525

ckaj@ckaj.org

Opinion

Contactez-nous

Nous joindre - Footer

3877, boul. Harvey, 2e étage
Jonquière G7X 0A6

Heures d'ouverture

Lundi au jeudi
8h30 à 12h00 et de 13h30 à 15h30

Vendredi
8h30 à 12h00
Copyright © 2024 Tout droits réservés
Politique D'accessibilité
Plan D'accessibilité
Pensé et conçu par Webez
♫ Chanson en cours:
Radio en Direct
envelopemagnifier linkedin facebook pinterest youtube rss twitter instagram facebook-blank rss-blank linkedin-blank pinterest youtube twitter instagram