La plus grande partie des conseils de ville sert à projeter sur l’assemblée un somnifère qui nous fait souvent oublier des interventions discrètes mais qui disent tout sur le véritable climat qui règne au sein de l’administration municipale. À la dernière rencontre de la séance du grand conseil de Saguenay, quand les conseillers ont eu, à leur tour, droit de parole, la vérité s’est révélée.

D’abord, le conseiller Michel Tremblay, jusque-là plutôt tranquille, y est allé d’une question fort pertinente. ‘’Mme la mairesse, pouvez-vous m’expliquer pourquoi on coupe dans les services d’entretien du gazon alors qu’on a embauché plus d’une cinquantaine de nouveaux employés l’été dernier?’’ La question a été relayée au conseiller responsable des travaux publics, Jimmy Bouchard, qui a formulé une réponse évasive du style langue de bois. ‘’Il faut améliorer nos pratiques’’.

On en est resté là, mais pour que le conseiller Tremblay souligne cette discordance, il y a anguille sous roche.

Sur-compétence

De son côté, le conseiller responsable des finances, Michel Potvin, a laissé entendre que les compétences exigées pour remplir le nouveau poste de directeur-adjoint responsable du Bureau des relations entre les élus et le milieu (BREM) étaient aussi pointues que celle d’un directeur-général. Même lancée sur le ton de la rigolade, on ne peut s’empêcher de voir dans cette allusion que la nomination de ce nouveau directeur général adjoint à Saguenay, en plus de deux autres personnes ressources, semble démesurée. D’autant plus que Michel Potvin nous fait miroiter une taxe supplémentaire de 2% (qui serait de 3% selon Marc Bouchard) que les citoyens rejettent massivement selon le dernier sondage Segma présenté récemment par la station radio 92,5 et le journal Le Réveil.

Des études discrètes

Puis, la conseillère des centres-villes de l’arrondissement de Chicoutimi, Mireille Jean, a profité de son tour de parole pour s’enquérir de l’avancement du projet de rénovation du stationnement à étage de la rue Racine. Comme la mairesse expliquait que ce projet requiert encore des études, la conseillère a demandé de quelles études il s’agissait, quel en était le contenu. Bouche cousue de la part de la mairesse : ‘’ Nous devons garder confidentiel le rapport concernant ces études afin d’éviter la spéculation sur d’éventuelles transactions’’. Loin de nous permettre d’en savoir plus long, cette réponse aiguise davantage la curiosité et laisse tout le monde dans le néant.

Les refoulements s’accumulent

Puis comme sorti du champ gauche, le conseiller, Claude Bouchard, s’est dit encore une fois surpris d’assister, depuis plusieurs séances du conseil de ville de Saguenay, aux témoignages de citoyens qui se plaignent des refoulements d’égouts. Tantôt c’est à la Baie, tantôt Jonquière et aujourd’hui Chicoutimi-Nord. Prenant à témoin son collègue, Jimmy Bouchard, qu’un lapsus lui a fait qualifier de conjoint, il se demande plus sérieusement comment on peut devenir plus efficace pour répondre à ces citoyens aux prises avec des soubresauts de dame nature.

Bouchard faisait échos à l’intervention à un article du Réveil où un citoyen de Chicoutimi secteur-nord qui se plaignait des nombreuses démarches sans réponse que ses voisins et lui ont dû effectuer pour se faire dire par les fonctionnaires responsables que la voie de la justice demeurait la seule issue possible.

La mairesse rassurante

On aurait dit que le conseiller Bouchard ignorait volontairement le message de la mairesse, Julie Dufour, qui venait d’expliquer que son plan de modernisation de la direction générale allait bientôt tout régler. Après tout, on embauche un nouveau directeur adjoint aux compétences de dg, plus deux autres ressources pour ‘’optimiser le processus actuel’’. On a réservé 1million et demi de dollars à cette fin et c’est sans compter les quelque 50 nouveaux employés qui, comme l’a fait observer, le conseiller, Michel Tremblay, s’ajouteront malgré une coupure annoncée dans l’entretien des places vertes au cours de l’été. ’’Nous souhaitons consolider les rôles et favoriser les échanges entre l’administration et les élus, ’’assure la mairesse.

Tout est dit? Pas vraiment parce que si on se réfère au dernier sondage Segma, la confiance des citoyens va davantage aux conseillers qu’à la mairesse. Peut-on voir là un encouragement à poser d’autres questions?