C’est maintenant confirmé. Les conseillers de la ville de Saguenay acceptent dorénavant de penser en fonction d’une grande ville et de laisser de côté les luttes de clocher. On l’a clairement évoqué récemment.

Il faut donc comprendre que jusqu’ici, il y avait bel et bien des guerres de clocher. Il aura fallu une réunion autour du programme triennal d’investissement pour admettre cette réalité.

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Le conseiller et président de l’arrondissement de Chicoutimi, Jacques Cleary, avançait publiquement à la toute fin de la dernière séance du grand conseil de ville que les membres du conseil en étaient rendus là.

Selon lui, il faut se rappeler le projet du quai pour les bateaux de croisières et rêver grand. Ce serait dans cet esprit que les membres du conseil ont choisi la reconstruction d’un nouveau centre Georges-Vézina. Mais voilà, la comparaison avec le quai ne tient pas la route et doit être mise en contexte.

Les géants des mers

Fin 2004, quand la compagnie Consolidate Bathurst Abitibi-Consolidated annonce la fermeture de son usine de La Baie, c’est la consternation à l’hôtel de ville. Le maire de l’époque, Jean Tremblay, ne sait plus à quel saint se vouer pour amortir le coup de la disparition de 600 emplois dans ce secteur de la ville qui compte moins de 25 000 personnes.

Quelqu’un propose de sonder l’idée de faire revivre dans la splendide baie des Ha! Ha!, la belle époque des grands bateaux blancs. Le projet paraît indéfendable au départ, mais en tirant des lignes d’un bout à l’autre de ses contacts (et de ceux de son chef de cabinet, Ghislain Harvey) des opportunités se présentent au maire Tremblay.

On apprend entre autres que les bateaux, de plus en plus grands, ne peuvent se rendre à Montréal, parce qu’ils ne passent plus sous les ponts. Du côté de Québec, on cherche une nouvelle escale afin que les passagers découvrent d’autres aspects du Québec. De plus, le fjord du Saguenay, comme ceux de la Norvège, soulève l’intérêt de la majorité des passagers de ces géants de mers. Enfin, la venue de ces villes flottantes constitue un apport économique important qui peut atténuer les dommages engendrés par les pertes d’emplois.

Un quai de 40 millions$

Il n’en fallait pas plus pour gonfler l’enthousiasme de Jean Tremblay et de l’équipe de Promotion Saguenay. Voyages à Québec, Montréal, Ottawa, Floride, partout où on pouvait trouver des gens à convaincre. Malgré l’opposition de certains porte-paroles des autres arrondissements, à l’automne 2004, on lance le programme du quai d’escale et on accueille un premier bateau de croisière, qui faute de quai, jette l’ancre dans la Baie des Ha! Ha!.

Exaspéré par la lenteur des gouvernements supérieurs à répondre aux demandes d’aide financière, Saguenay lance tout de même la construction d’un port de croisière en eau profonde par ses propres moyens.

II aura fallu attendre jusqu’en 2008 avant que le premier géant des mers accoste au nouveau quai, pas encore tout à fait complété, mais dorénavant supporté par tous les gouvernements.

Argument massue

La fermeture de la Consol à La Baie demeure l’élément déclencheur. Aujourd’hui, tous les conseillers des trois arrondissements se réjouissent du succès de la visite de ces grands transporteurs de croisiéristes.

En sera-t-il de même pour la construction d’un nouvel amphithéâtre dans un contexte où les changements climatiques provoquent des dégâts dans des foyers aux quatre coins de la ville? Où l’administration municipale gonfle ses emprunts pour combler ses besoins opérationnels et où les relations avec le gouvernement du Québec ne sont pas au beau fixe?

On peut toujours rêver, mais la réalité risque fort de nous rattraper…