La mairesse de Saguenay, Julie Dufour, a réagi vivement après la tenue d’une rencontre de presse où le duo de députés bloquistes Alexis Brunelle-Duceppe et Mario Simard a revendiqué une rencontre régionale pour parler du dossier de l’aluminium. Elle s’est demandée pourquoi messieurs Duceppe et Simard avaient organisé cette sortie publique sur ce sujet puisqu’une table de concertation sur l’aluminium existe déjà dans la région.
On peut expliquer la sortie des députés fédéraux d’Alma et de Jonquière de deux façons : d’abord, la volonté de rester bien présents aux yeux de leurs commettants en appliquant la méthode ‘’ Gaudreault’’. Ensuite, comme il ne se passe rien du côté de la table de concertation, l’occasion était trop belle pour ne pas jeter de l’huile sur le feu de l’inaction de l’administration municipale.
Formule Gaudreault
Le nouveau directeur du Cegep de Jonquière, Sylvain Gaudreault, a connu beaucoup de succès en politique, souvent avec la complicité implicite des médias, en alimentant les polémiques autour de sujets populaires. Ses sorties publiques lui garantissaient une couverture médiatique importante même si souvent il ne s’agissait que de pétards mouillés.
La stratégie a porté fruit puisque, même dans l’opposition, il détenait une cote de popularité qui se vérifiait à chaque élection jusqu’à ce que la tempête caquiste balaie toute la province. Le duo Brunelle-Duceppe/Simard, qui jouit déjà de l’appui d’une tendance nationaliste révélée dans les sondages et soutenue dans les circonscriptions d’Alma et de Jonquière, emprunte la méthode Gaudreault et ça lui réussit bien jusqu’ici.
La loyauté bafouée
Il faut rappeler que la table de concertation régionale sur l’aluminium a été mise sur pied par la mairesse précédente, Josée Néron. On se souvient aussi que durant son court mandat à la mairie, Mme Néron s’est évertuée à éteindre la flamme des réalisations de son prédécesseur, Jean Tremblay. Voici qu’elle subit le même traitement de la part de Mme Dufour.
La mairesse actuelle n’a jamais cherché à mettre en relief cette décision de mettre en place une table régionale sur l’aluminium. Elle n’a d’ailleurs pas l’intention de siéger sur cette table de concertation qui s’adresse aux élus et préfets de la région. Mais alors…pourquoi s’indigner de l’annonce faite par le duo bloquiste?
Concertation insuffisante
Bien beau de s’en prendre à la forme, mais il conviendrait plutôt de s’intéresser au fond du sujet. Parce que l’intérêt de former une coalition régionale réside dans sa capacité de mobilisation afin de convaincre la minière multinationale Rio Tinto à respecter ses engagements. Le groupe doit lui rappeler les avantages dont elle jouit ici dans la région, notamment pour sa production d’hydroélectricité. Le ministre de l’Énergie, de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, s’est même dit prêt à lui en céder de la part d’Hydro Québec.
Mais voilà: on ne s’entend même pas sur la forme que doit prendre cette concertation si prisée dans les discours populistes de nos représentants politiques. Alors que Rio Tinto semble engagée dans le projet global de la transition énergétique, nos élus se disputent la paternité d’une table de concertation. La sortie des bloquistes fait bonne presse, mais convient aussi à Rio Tinto qui peut encore une fois prendre du recul dans le dossier de l’AP 60, en espérant qu’Élysis avance dans sa mise en application. Ce qui, incidemment, pourrait influer sur l’avenir de l’industrie de l’aluminium toute entière et sur les emplois qu’elle génère.
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