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Le racisme pris dans son contexte

Richard Banford
2 mai, 2024

Je devais avoir autour de 8 ans. On s’amusait comme tous les jours près de la voie ferrée qui passait devant l’entrepôt d’Alma Construction le long du ruisseau Rouge, sur la côte.

Un train s’arrête pour livrer sa marchandise devant l’entrepôt. Une porte du train s’ouvre et un homme noir saute du wagon. Effrayés, mes amis et moi prenons la fuite.

Récemment, je raconte cette anecdote à mes petits-enfants pour leur faire comprendre que dans les années 50, en région éloignée, on abordait rarement le sujet du racisme avec des enfants de 6 ou 8 ans. Ces questions revenaient à des représentants du clergé, mieux instruits et plus évolués.

Autre temps, autres mœurs, aujourd’hui, mes petits-enfants, presque scandalisés, n’approuvent visiblement pas cette réaction de stupeur à l’égard de cet étranger. Pour eux, mon existence traîne des gênes de racisme.

Le contexte :

On était au milieu des années 50. J’avais lu, comme les jeunes de mon âge,  Tintin au Congo et je voyais, à chaque messe de Noël, dans la crèche dressée dans l’église, qu’un roi mage avait la peau plus foncée que ses collègues Baltazar et Melchior, mais c’était, dans le temps, des personnages presque aussi fictifs que Han Solo et Luke Skywalker. Un peu plus tard, mon père m’avait montré des photos de séminaristes africains qu’il parrainait. Ç’a été mon premier contact avec ces gens de couleur avant d’apprendre le sort que l’histoire leur avait réservé.

C’est dans ce contexte que, pour des enfants tenus dans l’ignorance, voir un homme de couleur sauter d’un train de marchandises pouvait provoquer cette crainte infondée.

La vie s’en mêle

Les années passent, l’instruction, les voyages, l’amitié et la lecture nous éveillent à des réalités et nous conscientisent. Nos valeurs évoluent au rythme de nos apprentissages. Notre peur des autres se transforme en empathie vers ceux qui vivent la misère. Au travail, on se fait de nouveaux amis avec des collègues asiatiques, africains et autochtones.

Et là, on se rend compte que notre isolement de cette époque révolue nous entraînait dans une fermeture sur le monde et la crainte de l’inconnu.

Expérience enrichissante

En 1956, quand les chars soviétiques ont envahi la Hongrie, le Canada accueillait des réfugiés hongrois. Le Québec et la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean participaient à cet effort d’accueil d’immigrants.

Chez nous, on accueillait une famille, un couple et une toute jeune fille de mon âge qui ne parlait ni le français ni l’anglais. La fillette de huit ans et moi avions appris le langage des signes, la dame et ma mère partageaient leur temps entre la cuisine et le tissage.

Après seulement un peu plus de deux mois à la maison, quelqu’un de leur famille les fit venir à Toronto où on avait trouvé du travail pour le père.

Plusieurs années plus tard, nous recevions une photo de la jeune fille en robe de marié avec ses parents tout souriants. Au verso, on pouvait lire: merci pour votre généreuse hospitalité qui nous a permis de retrouver le bonheur de vivre. Une leçon de vie que je n’ai jamais oubliée et qui m’a permis de rejeter à jamais le racisme qui, fort heureusement, semble complètement absent chez ma progéniture. Leur ouverture sur le monde me rappelle comment notre société tenue dans l’ignorance nourrissait le racisme.

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