L’heure de la réfection est enfin arrivée pour ce vieux monument historique, signature de la capitale régionale depuis bientôt 100 ans.
On en parlait entre natifs de la place de temps à autre, mais ces basses messes ne menaient jamais à des projets concrets.
Je me rappelle que du temps où j’étais membre du personnel du cabinet du maire Jean Tremblay, la question revenait de temps en temps autour de la table du comité exécutif. À tel point que le maire, un peu las des inquiétudes soulevées par certains conseillers plus insistants, a commandé une étude afin de connaître à combien pouvaient s’élever les travaux nécessaires à sa remise en forme.
Dubuc vient au secours
Le résultat parvint en 2014 et jetait toutes les prévisions par-dessus bord : l’estimation des experts dépassait les 15 M$. En pleine période de réalisation de grands projets comme les barrages sur la rivière Chicoutimi et le quai des bateaux de croisières, on ne pouvait espérer que le gouvernement du Québec ajoute une autre subvention de cette hauteur pour revamper le vieux pont en treillis, fierté des Chicoutimiens depuis 1933.
Ce fut finalement son successeur, le pont Dubuc, qui refixa l’attention sur cette infrastructure patrimoniale. Le 9 décembre 2013, le pont construit au début des années 1970 sous la conduite du regretté ingénieur, Gilles Rinfret, voit le feu s’attaquer à l’une de ses poutres.
On se tourne alors, en dernier recours, vers l’aïeul voisin, pour la durée des travaux de réfection du pont Dubuc fermé à la circulation. La population constate soudainement jusqu’à quel point le pont Sainte-Anne a toujours son utilité. Sa présence, que certains trouvaient dérangeante, devient de plus en plus nécessaire pour la majorité jusque-là silencieuse.
Sous Josée Néron
C’est finalement vers la fin du mandat de la mairesse d’alors, Josée Néron, qu’on relancera l’idée en 2019. Un heureux événement amène Andrée Laforest à occuper le poste de ministre intérimaire de la Sécurité Publique. Elle remplace la ministre, Geneviève Guilbault, en congé maternité.
Mme Laforest, interpelle son collègue des Transport, François Bonnardel sur la question de la dangerosité du pont centenaire pour la sécurité, si jamais on devait s’en servir une nouvelle fois. Elle obtiendra une subvention de 10 millions$.
Jonquière s’oppose
Mais certains conseillers s’inquiètent des finances de la ville. Michel Potvin, Kevin Armstrong, Jonathan Tremblay et l’actuelle mairesse, Julie Dufour s’opposent à ce que l’entièreté de la somme serve pour la réfection du pont Sainte-Anne. Cette obstruction a causé un tel retard qu’on a atteint la fin de l’année budgétaire et dû déposer ces 10 millions$ dans le fonds consolidé de la ville.
En 2021, le conseil de ville dirigé par Mme Josée Néron remet à jour le projet de rénovation du pont. On veut y consacrer 6 millions $; le projet est accepté sur division. Quatre conseillers de Jonquière votent contre dont la mairesse actuelle. Mme Julie Dufour, Kevin Armstrong, Jimmy Bouchard et Michel Thiffault.
Coûts plus élevés
Aujourd’hui, c’est 10,6 millions $ qu’on investit dans la restauration du pont Sainte-Anne, dont les 6 millions $ de la ville, ironiquement avec l’assentiment de la mairesse Julie Dufour. Il ne faut pas croire que cette somme sera suffisante pour remettre cette vieille infrastructure au goût du jour. Et les citoyens qui songent à un pont Sainte-Anne repeint à neuf doivent se rappeler qu’en 2019, on estimait que le contrat de peinture du vieux pont de Québec s’élevait à plus d’un demi-milliard de dollars sur une période de 25 ans. Alors, on va devoir vivre avec les taches de rouille bien au-delà du centenaire du pont de Sainte-Anne.
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