En raison de deux obstacles qui nuisent à son fonctionnement, le Chantier du Père Alex (parc de la Colline, Chicoutimi-nord) n’ouvrira pas cette année, une première en 60 ans d’existence, si on exclut la pandémie. Un montant dû qui a trop traîné et une nouvelle politique de soutien aux organismes ont fait mal à la pérennité du Chantier.  

Réjean Ménard et Donald Fortin, respectivement vice-président et président du Chantier du Père Alex, qu’ils souhaitent surtout voir reconnu par la ville officiellement comme organisme à but non lucratif (photo: A Deschênes)

Le président de l’organisme, Donald Fortin, explique. « Les problèmes ont commencé en 2019, alors que nous avons été avisés qu’on ne nous reconnaissait plus comme organisme à but non lucratif (OBNL). Ça survenait après les changements apportés à la « politique de soutien de la ville envers les organismes » sous l’administration Néron. Puis, en 2022, pour la 1^e fois en plus de 50 ans, on a reçu un avis comme quoi, on devait des montants à la ville pour opérer le Chantier du Père Alex. On nous avait toujours dit qu’on ne paierait pas ce type de frais. Les administrations des maires Ulric Blackburn et Jean Tremblay acquiesçaient ».   

Visite au conseil

Après des mois de tergiversations, le vice-président Réjean Ménard s’est rendu en janvier 2023 au conseil d’arrondissement de Chicoutimi pour demander des explications sur un montant de 5 722 $ qu’on leur réclamait. « Le président de l’arrondissement, Jacques Cleary a alors dit, publiquement, que nous ne paierions pas ce montant, que la ville allait l’acquitter », raconte M. Ménard. Mais la facture a continué d’être envoyée, mois après mois, malgré cette promesse publique.

Abandon?

Donald Fortin et Réjean Ménard ont donc renoncé à ouvrir le Chantier cette année en raison de cette dette qui a traîné, et de leur combat qu’ils continuent de mener pour que le Chantier du Père Alex soit reconnu comme OBNL. « On a même rempli des documents pour se faire accréditer. Au bout de tout cela, la ville a payé la facture de 5 722 $...mais seulement le 29 janvier dernier! On a dû rapidement prendre la décision de prendre une pause cette année, car rendus au début 2024, avec une dette de 5 722 $, plus les autres frais possibles de l’édition 2024 à payer, on ne pouvait pas aller de l’avant ». Les deux ténors du Chantier disent aussi ne pas comprendre pourquoi la facture n’a pas été épongée rapidement, dans les semaines suivant la promesse de M. Cleary. « Et on n’a pas eu l’appui voulu de notre conseiller Serge Gaudreault ».

Le conseiller de Chicoutimi-nord, Serge Gaudreault (Photo: Sara-Léa Bouchard)

Réplique de Serge Gaudreault…

Le conseiller de Chicoutimi-nord, Serge Gaudreault, se défend de ne pas avoir à cœur le Chantier du Père Alex. « Vous me l’apprenez, qu’ils n’ouvrent pas le Chantier cette année. J’avais pourtant un 4 000$ à leur donner à partir de mon budget discrétionnaire. J’étais prêt à les aider, je suis même allé rencontrer Réjean Ménard chez lui pour discuter du dossier ».

Le conseiller croit qu’un manque de communication explique la perception qu’ont les deux responsables du Chantier de sa personne. « Ils ont aussi eu des montants de la ville à chaque année, encore l’an dernier, j'étais là pour eux. Ils disent que je les appuie pas. Mais ils ne m’appellent pas. Ils peuvent m’appeler! Pourquoi ne m’appellent-ils pas? » 

Le président de l'arrondissement Chicoutimi, Jacques Cleary

…et de Jacques Cleary

Rejoint par Le Réveil, le président d’arrondissement Jacques Cleary dit ignorer pourquoi le montant de 5 722 $ n’a pas été payé tel que promis, et ce, suivant son affirmation publique de janvier 2023. Il ne se rappelle pas non plus s’il avait mis cette déclaration par écrit pour ensuite la transmettre aux bureaux de la ville pour faire acquitter ladite facture. « C’est peut-être tombé entre deux chaises. Je me suis engagé publiquement début 2023 à ce que l’organisation du Chantier n’aie pas à acquitter cette facture. Je ne savais pas qu’elle était impayée. Mais le fait qu’on l’ait payée, même tardivement, ne veut pas dire qu’on paiera les autres factures pour la location des locaux du Chantier. L’organisation devra assumer les coûts reliés à l’exploitation, comme le font les autres organismes ».

Aide-toi et…

Questionné à savoir pourquoi le Chantier ne réussit pas à se faire reconnaître par la politique de soutien aux organismes, M. Cleary croit qu’il y a eu absence de communication entre les organisateurs et la ville. « Il y a eu un long moment où la ville attendait des nouvelles de la direction du Chantier, nouvelles qui ne sont jamais venues, selon ce qu’on m’a dit. Je crois que dans ce cas-ci, le dicton « Aide-toi et le Ciel t’aidera » pourrait s’appliquer ».