(JFD - Trium) - Le cancer du poumon, celui qui est le plus fréquent, fait encore des ravages dans la région. Un nombre annuel moyen de 413 cas de cancer du poumon ont été diagnostiqués au Saguenay–Lac-Saint-Jean entre 2016 et 2020, comparativement à 354 entre 2011 et 2016. Toujours entre 2016 et 2020, pas moins de 249 décès reliés à la maladie ont été déplorés chaque année.
C’est ce qui se dégage du portrait de la situation qui a été dévoilé mercredi par la Direction régionale de santé publique afin de sensibiliser la population aux facteurs de risques, notamment ceux liés au tabagisme.
Les personnes de 70 ans et plus sont celles qui présentent les taux d’incidence et de mortalité les plus élevés, souligne le Dr Martin Fortin, médecin-conseil à la santé publique.
« Ce qui nous affecte, c’est qu’on a une population vieillissante. Plus c’est le cas, plus on retrouve de décès et des maladies qui font mourir les gens en âge avancé. L’augmentation du nombre de cancers du poumon et de la mortalité sont des éléments déjà pris en considération par le CIUSSS pour traiter et prévenir la maladie. »
Par contre, ajoute le Dr Fortin, quand on tient compte des taux normalisés selon l’âge, on remarque une diminution de l’incidence du cancer du poumon dans la région.
« On avait historiquement une incidence du cancer du poumon et une mortalité pour cette maladie qui était très supérieure à ce qui se passait dans le reste du Québec. Nos courbes sont descendantes et on a pratiquement rejoint le reste du Québec. C’est une très bonne nouvelle. »
Ce taux d’incidence normalisé selon l’âge pour le cancer du poumon a diminué chez les hommes et augmenté chez les femmes entre les périodes 1986-1990 et 2016-2020. Il demeure encore toutefois plus élevé chez les hommes que chez les femmes.
Deux RLS se démarquent
Deux réseaux locaux de services (RLS), ceux de Jonquière et Domaine-du-Roy, se démarquent dans la région avec des taux d’incidence normalisés un peu plus élevés que les autres. Le Dr Fortin souligne qu'il faut cependant être prudent quant à fiabilité des données.
« Il faut faire attention, parce qu’on a un petit nombre de personnes au niveau de la population, donc des fluctuations à prendre en considération. Au niveau statistique, c’est toujours embêtant les petits nombres. Ce qu’on sait, c’est que les deux (RLS) se démarquent avec des taux normalisés un peu plus élevés. Par contre, quand on regarde ce qui se passe au niveau de la mortalité, ces deux réseaux ont des taux comparables. »
Principal facteur de risque
En ce qui concerne le principal facteur de risques modifiables du cancer du poumon, celui du tabagisme qui est responsable de 72 % de tous les cas, la proportion des adultes fumeurs (réguliers ou occasionnels) est passée de 30 % à 16 % entre 2000 et 2018 selon l’enquête de santé régionale.
Mais il faut continuer de promouvoir de saines habitudes de vie, estime le médecin.
« La cigarette est aussi responsable d’une panoplie d’autres cancers et de maladies chroniques également. Ce qu’on mesure aujourd’hui, c’est le reflet de ce qui s’est passé il y a 30 ans ou 40 ans. Ça peut prendre plusieurs années d’exposition pour donner un cancer du poumon. »
Et il y a deux autres facteurs encore inconnus, soit le cannabis et le vapotage. Des études plus approfondies seront nécessaires afin de démontrer clairement les risques associés au cancer du poumon.
« Plusieurs fumeurs basculent vers le vapotage et il y a des risques qu’ils reviennent à la cigarette. Mais dans les deux cas, il y a beaucoup d’éléments nocifs comme les produits de combustion. Quel est le risque? Ça va prendre plusieurs années avant de le savoir. »
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