Le discours des sociaux-économiques des 20 dernières années au Saguenay-Lac Saint-Jean insistait beaucoup sur la diversification des activités, sur l’indépendance vis-à-vis la grande entreprise, fondement de l’industrialisation et du développement de nos villes et villages. Et le message reprenait avec plus d’insistance à chaque période creuse de l’économie ou à chaque fois que le prix de l’aluminium touchait le fond.
Il est vrai que de nouvelles entreprises ont vu le jour depuis, mais la plupart s’avère encore étroitement liée à la production d’aluminium.
Il faut tout de même se rendre à l’évidence : mis à part les entreprises issues du numérique, peu de nouvelles créatrices d’activités économiques ont vu le jour chez nousqui ne soient liées au fabricant d’aluminium. On a essayé du côté du gaz liquéfié, de Blackrock ou d’Arianne Phosphate…sans réel succès.
Les équipementiers gagnants
Alors la nouvelle révélée en primeur par le Journal-Radio du 92,5 FM cette semaine concernant l’imminence de l’arrivée de nouvelles cuves avec Rio-Tinto a de quoi nous rassurer. Faute de redéfinir l’économie de notre région, elle constitue la meilleure opportunité de consolider les activités de nos nombreuses entreprises liées d’une façon ou d’une autre à celles du plus gros producteur d’aluminium au pays. En particulier les équipementiers dont la croissance est intimement liée à celle du géant multinational anglo-australien qui songe à ajouter 80 nouvelles cuves AP60 en plus des 16 déjà annoncées. Un projet d’au-delà d’un milliard de dollars.
Le virage vert
Force est de constater que cette annonce coïncide avec le virage vert que s’est imposé Rio Tinto. C’est l’annonce de la création d’ELYSIS qui a marqué le pas vers ce concept moderne qui rencontre les exigences de l’acceptabilité sociale.
Né d’une rencontre provoquée par le géant Apple qui a convaincu les chercheurs de Rio Tinto et d’Alcoa d’unir leurs efforts pour créer un procédé révolutionnaire pour l’industrie, cette nouvelle façon de fabriquer de l’aluminium devrait éliminer toutes les émissions à effet de serre (GES). En plus, ce procédé permettra de générer de l’oxygène en tant que sous-produit.
Avantages économiques
Les deux paliers de gouvernement, provincial et fédéral, y croient tellement qu’ils y ont investi chacun 80 millions$. La coentreprise, Rio-Tinto et Alcoa, a déjà débuté la construction de cuves à anodes inertes de taille commerciale à l’usine d’Alma de Rio Tinto.
Évidemment, sur le plan financier, Rio-Tinto et Alcoa vont y trouver leur compte. Les anodes inertes vont se substituer à celles de carbone qu’on doit remplacer à tous les 25 jours. Et les fours qui contiennent ces 40 anodes coûtent 100 millions$ et doivent être remplacés tous les 20 ans. Et quand l’écologie et l’économie font bon ménage, c’est tout le monde qui y trouve son compte.
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