Considérée depuis plusieurs années comme une région acquise par les souverainistes, le Saguenay-Lac-Saint-Jean vient de passer dans le camp des caquistes. Ce n’est certes pas la Table régionale des élus (TRÉ) qui va s’en plaindre.
Avec le balayage des représentants de la CAQ en début de semaine, ce rassemblement des maires et préfets de la région comptera sur cette harmonie historique pour réclamer son dû. La TRÉ, qui remplace la Conférence régionale des élus (abolie par les libéraux), souhaite que cette opportunité politique puisse répondre aux aspirations formulées peu avant le balayage électoral du 3 octobre.
Redevances
Depuis le temps que divers organismes de la région réclament des investissements en retour de l’exploitation de ses ressources naturelles, l’occasion se présente pour reformuler les demandes devant cinq députés unis sous la même bannière. Les élus réunis autour de la table de la TRÉ, le préfet de la MRC du Fjord et maire de Bégin en tête, réclament un fonds de diversification économique pour le Saguenay-Lac-Saint-Jean. On ne demande pas d’argent neuf, seulement une partie des redevances assujetties à nos ressources naturelles que le gouvernement empoche en taxant tout de qui touche les secteurs minier, forestier, hydroélectrique et même privé.
Outil de développement
On estime que le gouvernement du Québec retire pas moins de144 millions$ annuellement de l’exploitation de nos ressources régionales. Ces millions$ servent entièrement à gonfler le fonds des générations qui, comme on le sait, sert à réduire la dette nationale.
Il y a pourtant pas mal d’autres options à considérer pour faire fondre ce lourd fardeau de la dette, à prime abord par la réduction de l’appareil étatique.
Parce que si ce 145millions$ permet de diminuer un tant soit peu l’ampleur de ce déficit national, il laisse la région s’appauvrir en demandant aux municipalités de taxer davantage le citoyen pour palier aux exigences toujours plus élevées des services à la population.
Croisade
Il faut se souvenir de la croisade entreprise par l’administration du maire Tremblay pour faire reconnaître les barrages d’Alcan, à l’époque, comme matière taxable. Les députés de la région, loin de se ranger derrière cette demande légitime, au mieux faisaient semblant d’emboîter le pas ou l’ignoraient complètement. Aujourd’hui, la table des élus peut reprendre la bataille devant une députation unifiée dont les campagnes respectives portaient essentiellement sur la défense des droits des citoyens de la région.
Industrie forestière
De leur côté, tous les maires et mairesses des 49 municipalités du Saguenay-Lac-Saint-Jean parleront d’une seule voix devant cette nouvelle députation. Une quinzaine de barrages privés sur ce vaste territoire génèrent, à eux seuls, pas moins de 80 millions$ au gouvernement provincial. On estimerait raisonnable que la moitié revienne en région.
Et il y a aussi tout cette fragile question de l’industrie forestière. Au moins 29 municipalités parmi les 49 dépendent entièrement de l’industrie forestière au Saguenay-Lac-Saint-Jean et l’inquiétude persiste à l’égard de cette industrie confrontée à une problématique environnementale de taille dont la survie du caribou forestier n’est pas la moindre.
Contexte favorable
On peut se demander si, dans un contexte aussi favorable que cette victoire écrasante, le projet de gaz naturel liquéfié (GNL) aurait subi le même sort. D’autant qu’aujourd’hui la clientèle politique montréalaise, à laquelle le chef Legault a voulu plaire en se positionnant contre ce projet, lui a fait un pied de nez retentissant. Deux élus seulement dans la métropole et très peu à Québec aussi; la CAQ est devenue, en un soir, le parti des régions. C’est à notre tour d’en profiter.
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