Par Richard Banford
La visite du pape François a sans doute confirmé que l’Église catholique admet désormais tous les torts commis par les chrétiens aux peuples autochtones. Elle laisse cependant la place à beaucoup de questions entourant la suite des choses.
Parce que ce voyage du souverain pontife met surtout en lumière l’insistance des peuples autochtones à vouloir poursuivre encore plus loin leurs revendications malgré qu’ils aient franchi un grand pas sur le chemin des compensations. À tout le moins sur le plan financier : au cours de la dernière année, on estime à plus d’un milliard de dollars l’argent versé en compensation aux premiers peuples canadiens. Et ce montant exclut les 35 millions $ supplémentaires que le gouvernement fédéral a versé aux communautés autochtones pour leur permettre d’accueillir le pape.
Génocide culturel
D’ailleurs, Ottawa n’a toujours pas fini de compiler les dépenses à rembourser aux provinces et aux villes pour assurer un séjour sécuritaire au Saint-Père. Et ça ne s’arrête pas là: le gouvernement doit aussi encore prévoir d’importants investissements notamment dans le domaine de l’éducation chez les autochtones et en compensation pour les victimes de ces pensionnats, qui ont mené à ce véritable génocide culturel.
Les dirigeants autochtones ne sont pas soumis à des redditions de compte et on peut se demander à quoi servira véritablement toutes ces sommes. Parce que si la réconciliation prend toute la place, les problèmes des communautés autochtones à travers le Canada demeurent très préoccupants.
Misère et pauvreté
Les médias nous le rappellent fréquemment : les habitants des Premières nations vivent dans des conditions où la pauvreté et la violence sont au goût du jour. L’espérance de vie de ces communautés reste toujours inférieure à la moyenne canadienne.
Certaines de ces communautés n’ont pas encore l’eau courante. Des maisons des Inuits sont surpeuplées et, même chez nous, les autochtones sont encore victimes de préjugés et de racisme.
Sans doute est-ce bien de reconnaître que la colonisation du pays s’est faite au mépris de leur culture, mais cette reconnaissance suffira-t-elle pour ouvrir la porte à de meilleures conditions de vie aux descendants des Premiers peuples? Ou bien ces revendications ouvrent-elle plutôt la porte à d’autres revendications dont l’ampleur ne saurait connaître de fin?
Chemin de guérison
La visite papale nous aura encore une fois ouvert les yeux sur ce long chemin de guérison, pour reprendre la métaphore du chirurgien Stanley Vollant, une marche qui part de loin. Avant la première commission parlementaire organisée en 1983, à Québec, les autochtones cachaient encore leur origine pour vivre en paix dans notre société.
Depuis, on a fait de grands pas. Les autochtones comptent de plus en plus de diplômés et leur revenu moyen augmente même s’ils sont toujours en retard par rapport à l’ensemble de la population canadienne.
Il faut souhaiter que la route s’ouvre toute grande vers cette progression, mais en comptant davantage sur leurs propres initiatives, parce que la population en général accepte mal qu’on doive vider les coffres de l’état pour répondre à des revendications qui ne servent pas toujours la cause.
(418) 546-2525
ckaj@ckaj.org