Les discussions vont bon train dans le cercle de la politique municipale en ce qui a trait à l’avenir de la zone ferroviaire de l’arrondissement de Chicoutimi, de la ville de Saguenay. Tous comme les médias, les conseillers s’interrogent sur le mutisme de leur mairesse à propos d’un projet actuellement entre les mains de Promotion Saguenay.
À l’occasion de la première pelletée de terre soulignant les travaux de décontamination de la zone ferroviaire du centre-ville de Chicoutimi, des informations, émanant de source municipale, indiquaient que le site décontaminé pourrait accueillir un complexe hôtelier abritant un centre des congrès. Il n’en fallut pas plus pour ouvrir la voie aux réactions et aux questionnements.
Confidentialité
D’abord, la conseillère Mireille Jean, mandatée en novembre 2021 par le conseil exécutif pour piloter un comité afin de trouver une vocation à ce site, se dit tenue loin des discussions en cours. Mme Jean, présidente du comité d’urbanisme de la ville de Saguenay, s’est plainte ouvertement qu’on la garde dans l’ignorance en même temps que plusieurs autres conseillers à propos des discussions entamées avec différents groupes qu’on voudrait voir s’établir sur ce site.
Il faut rappeler ici que les médias ont déjà fait état depuis 2020 de la réalisation potentielle d’un complexe résidentiel, de l’aménagement d’un parc comprenant un amphithéâtre sportif ou encore de condos. Mais, après des consultations publiques, il semble qu’on ne privilégie pas la construction d’immeubles à logements à prix modique pour dynamiser ce milieu déjà pourvu de plusieurs résidences pour personnes âgées.
Or, l’annonce d’un vaste complexe hôtelier semble bien accueillie même si les propriétaires hôteliers de la ville de Saguenay ne sauteront pas de joie. Alors, on s’explique mal que la mairesse, qui a pourtant mis sur pied ce comité présidé par la conseillère du district, cache volontairement des informations sur la démarche entreprise par Promotion Saguenay et les experts que l’organisme a embauchés.
Situation conflictuelle
Plusieurs autres conseillers municipaux se disent choqués de l’attitude fermée de la mairesse dans cette recherche de projets innovateurs pour dynamiser ce secteur. Certains soutiennent qu’il y aurait anguille sous roche parce que le dossier est mené par Promotion Saguenay et son président, l’homme d’affaires Éric Larouche. Ce dernier, propriétaire de plusieurs établissements hôteliers, pourrait se placer dans une situation d’apparence de conflit d’intérêts.
Certes, Larouche est sans doute le mieux outillé pour discuter d’hôtellerie par sa propre expérience de propriétaire, mais aussi parce qu’il a occupé durant trois ans la présidence de l’Alliance de l’industrie touristique du Québec, qui regroupe les trois anciennes entités provinciales responsables du tourisme au Québec. Cependant, son poste de président de l’organisme paramunicipal, Promotion Saguenay, le place dans une situation plutôt délicate lorsqu’il doit négocier avec des groupes souhaitant s’implanter à Saguenay dans le domaine de l’hôtellerie.
Certains conseillers croient que l’attitude fermée de la mairesse, à l’égard de certains projets destinés à la zone portuaire, prendrait sa source dans cette situation conflictuelle. En tout cas, rien touchant l’avenir de ce site exceptionnel enclavé entre la rivière Saguenay et la rue Racine ne semble limpide.
Tout politicien devrait savoir que l’absence de transparence éveille la curiosité et le ragot bien plus qu’il ne sert la cause de l’intérêt public. Qui plus est pour la mairesse Dufour qui a construit sa carrière sur la scène municipale en se battant bec et ongles pour que ses adversaires fassent preuve de transparence.
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