En sortant de la première section de la route 50 à quatre voies vers Gatineau, on aboutit sur une route à deux voies où les véhicules doivent poursuivre à la file indienne pendant plus de 60 kilomètres. Pour les usagers de la Réserve faunique des Laurentides, cette voie simple éveille de lourds souvenirs.
Mais elle rappelle surtout combien une région unie peut aller chercher l’appui de ses gouvernants pour l’accomplissement de projets indispensables à son développement. En Outaouais, qui revendique aussi une route à quatre voies entre Montréal et Gatineau depuis le début des années 70, on ne comprend toujours pas pourquoi on a choisi de construire une autoroute en pleine forêt dans les années 2 000 plutôt que de terminer l’autoroute 50 où le trafic routier dépasse largement celui entre Québec et le Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Des questions politiques
De tous les temps, la politique de diviser pour régner a bien servi les partis politiques. La rivalité entre le Saguenay et le Lac-Saint-Jean entre autres et celle entre les villes à plus haute densité de population, comme Jonquière et Chicoutimi favorisaient la discorde et l’échec des appuis gouvernementaux.
Mais, quand un animateur de la radio CKRS, Jacques Cayer, créé le mouvement Accès-Bleuet en s’associant au conseiller municipal de Jonquière, Raymond Gagnon et à la conseillère de Chicoutimi-Nord, Marina Larouche, la pression sur les gouvernements a pris toute son ampleur.
Semblable collaboration entre ces deux entités saguenéennes consolide les revendications d’une majorité de la population du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Et même l’opposition systématique des Jeannois, dont le ministre péquiste, Jacques Brassard et le ministre conservateur de Roberval, Benoît Bouchard, ne peut freiner cette frappe populaire qui se fait connaître à travers tout le Québec.
Force régionale
C’est à cette force régionale qu’il faut attribuer la réalisation de la 175 dont les premières évaluations estimaient les coûts à 350 M$ alors que la facture a dépassé allègrement le milliard de dollars, en 2013. En Outaouais, on n’est jamais parvenu à obtenir cette concertation entre Hull et Gatineau afin de revendiquer la réalisation complète de l’autoroute 50.
Il faut comprendre que les citoyens de Hull peuvent déjà traverser en Ontario pour emprunter la route nationale, la 401, débutée en 1948 et complétée dans les années 70. Mais le lien direct entre Gatineau et Montréal demeure toujours incomplet, et le nouveau ministre de cette circonscription, le caquiste, François Bonarbel, a promis que le travail se ferait d’ici quatre ans.
La concertation disparue
Le mouvement de solidarité, vécu à l’occasion de la réalisation de la route de la Réserve faunique des Laurentides, n’est jamais revenu aussi fort à partir de la fusion de 2002. Cependant, on a connu d’autres mobilisations massives pour revendiquer les redevances de Rio Tinto, le développement du port des bateaux de croisière, ou du parc industrialo-portuaire et la venue des pistes cyclables, mais depuis, la concertation s’effrite.
On l’a constaté avec le refus d’appui envers les grands projets comme GNL, Ariane Phosphate, Blackrock et même First Phosphate. Encore tout récemment au conseil de ville de Saguenay, à propos d’une recommandation de la commission d’urbanisme, les conseillers de l’arrondissement de Jonquière ont renversé une décision des conseillers de l’arrondissement de Chicoutimi.
Sans véritable leader pour mobiliser la population, le chauvinisme reprend ses droits et la concertation n’appartient plus qu’aux livres d’histoire.
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