La Coopérative forestière Ferland-Boilleau officialisait aujourd’hui l’acquisition des usines de la famille Simard Bois Lac-St-Jean et Scierie Lac-St-Jean, situées respectivement à Hébertville et à Métabetchouan-Lac-à-la-Croix.
Le montant total de la transaction, à laquelle Investissement a contribué à la hauteur de 4,7 M$, n’a pas été divulgué.
« Ce que je peux dire, c’est que nous avons payé le juste prix », indique Éric Rousseau, directeur général de la Coopérative forestière Ferland-Boilleau.
En revanche, ce dernier s’est fait plus bavard quant aux avantages que cette acquisition offrira à sa coop.
« Cet achat-là, on l’a fait parce qu’on avait des besoins. Par exemple, à notre usine de transformation Lignarex de La Baie, nous manquions de capacité de séchage. Alors, en achetant l’usine d’Hébertville, j’augmente ma capacité de séchage. Avant, on est presque des compétiteurs, maintenant, on va travailler ensemble. »
Contrairement à une consolidation proprement dite, qui se traduit souvent par le transfert pur et simple des capacités de production d’une usine vers une autre, le regroupement des installations de Bois et de Scierie Lac-St-Jean sous la Coop forestière Ferland-Boilleau vise plutôt à mieux partager les opérations afin que celles-ci soient plus efficaces et rentables.
Le président d’Alliance Forêt Boréale, Yannick Baillargeon, donne un autre exemple à ce titre.
« Il va y avoir des gains d’efficacité importants. Je pense entre autres au fait que certains volumes d’approvisionnement de Bois Lac-St-Jean se trouvent dans le secteur de Lignarex. Donc, au lieu d’envoyer le bois se faire transformer à Métabetchouan, ils vont pouvoir faire ça dans l’usine de La Baie, juste à côté. Ça veut dire des opérations plus rapides avec moins de frais de transport et moins de GES. »
Renforcement des opérations
Avec l’achat des deux usines du Lac-Saint-Jean, la Coopérative forestière Ferland-Boilleau compte désormais un peu plus de 300 employés. La fusion n’entraînera aucune perte d’emplois, au contraire, se réjouissent les maires de Métabetchouan-Lac-à-la Croix et d’Hébertville, André Fortin et Marc Richard.
« Ça nous donne une belle paix d’esprit, affirme le premier. On savait que Scierie Lac-St-Jean voulait vendre son usine. Alors là, on est bien contents de savoir que ces quelque 100 emplois-là seront préservés, et qu’en plus, l’entreprise restera régionale. »
Du même avis, Marc Richard ajoute qu’il voit d’un bon œil que Bois Lac-St-Jean devienne membre d’une coopérative. « Ça ne peut être que positif étant donné que c’est l’humain qui va être au centre des préoccupations. »
Une transaction risquée?
Les derniers mois n’ont pas été particulièrement cléments vis-à-vis de l’industrie du bois québécois. Prix du bois faible, taux d’intérêt élevé, hausse des coûts en énergie, plusieurs usines ont procédé à des fermetures temporaires et d’autres ont opéré à perte.
Dans ce contexte, la transaction effectuée par la Coop de Ferland-Boilleau pourrait paraître téméraire. D’un plus encourageant, Éric Rousseau apporte toutefois quelques nuances.
« La coop, elle existe depuis 60 ans, et on s’en est toujours sortis parce qu’on avait un plan. D’ailleurs, si on a été financés, c’est parce que les analystes croient qu’on va s’en sortir. Oui, on a des inquiétudes, mais il faut plutôt voir l’acquisition d’aujourd’hui comme quelque chose qui va nous rendre plus fort. »
Malgré la hausse des tarifs douaniers sur les exportations de bois aux États-Unis, le président du Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ), Jean-François Samray, y va aussi de prévisions optimistes.
« Que ce soit au Québec, au Canada ou au États-Unis, on voit que les gouvernements veulent s’attaquer à la crise du logement. C’est entre autres pour ça que des baisses de taux d’intérêt ont été annoncées et que d’autres devraient suivre prochainement. On pense que la construction de logements et les mesures qui seront adoptées pour la stimuler vont donner un “boom” à l’industrie forestière. »
Par ailleurs, l’ancienne directrice générale des usines Bois Lac-St-Jean et Scierie Lac-St-Jean, Manon Simard, affirme que la vente des usines n’est pas liée au contexte difficile. La famille Simard, dit-elle, était simplement prête à passer le flambeau. « Ça arrive là, mais ça aurait pu arriver à un autre moment. C’est une coïncidence. On lègue des usines qui vont bien. »
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