Un collègue retraité du Droit d’Ottawa m’appelle pour me demander ce qui se passe à Saguenay. Le conseil de ville fait les manchettes nationales pour des querelles immatures qu’on pourrait facilement éviter si on laissait les ego dans le vestiaire.
Tout commence avec un dossier de quartier qui traîne dans les cartons du conseil de ville depuis quelques séances. Le déneigement du chemin Nil-Jean, dont une partie est entretenue par la municipalité de Saint-Honoré. Selon le conseiller, Serge Gaudreault, il en coûterait 4 000 $ à Saguenay pour assurer sa part d’entretien, un peu plus si jamais les vents semaient la tempête dans le coin.
Ridicule obstination
Les conseillers municipaux se rencontrent en réunion plénière avant chaque grand conseil de ville. Or, cette question du chemin Nil-Jean qui tient à cœur le conseiller Gaudreault du district 7 a été discutée à l’occasion de cette réunion préalable, mardi dernier.
Déjà, la mairesse, Julie Dufour, savait que Gaudreault reviendrait sur le sujet à la tenue du grand conseil sur l’heure du dîner. La municipalité de Saint-Honoré, qui partage le chemin à entretenir, demande 4 000 $ à Saguenay, plus un montant de 160 $ l’heure si les déneigeurs doivent sortir l’artillerie lourde en pleine nuit.
Alors, pourquoi ne pas régler la question entre les membres du conseil en plénière? Pour économiser 4 000 $ aux contribuables? On peut en douter. Ça fait moins de 200 $ par élu municipal si on inclut la mairesse.
Une somme ridicule si on la compare à l’emprunt de 2,5 M$ qu’on devra effectuer pour payer les frais de restauration de l’église Saint-Édouard de l’arrondissement de La Baie.
Et que penser encore de cet argument du directeur général de Saguenay, Gabriel Rioux, selon qui il en coûterait plus cher d’entretenir cette petite portion du chemin Nil-Jean que pour déneiger la même longueur sur les boulevards Saint-Paul et Du Royaume. Voyons donc!
Partage des responsabilités
Les conseillers municipaux ont un devoir de répondre aux besoins des citoyens, mais ils doivent aussi cautionner les décisions stratégiques du conseil de ville dans le but évident de coordonner les actions justifiant le développement harmonieux de la ville. Dans ce cas-ci, on veut nous laisser croire que le conseiller Gaudreault place les intérêts de ses citoyens au-dessus de ceux de la ville.
C’est précisément dans l’intérêt de la grande ville qu’il faut accorder des statuts égaux à tous les quartiers de la ville. Gaudreault demande la parité pour tous les arrondissement de la ville en comparant avec la route Fillion, située fortuitement dans le quartier de la mairesse, qui, elle, reçoit l’appui financier de la ville.
Son attitude peut paraître naïve, mais elle tient du gros bon sens. Et c’est ce qui compte pour les contribuables.
Troubler la quiétude de fonctionnaire
Vraisemblablement, l’attitude du conseiller Gaudreault trouble la quiétude des fonctionnaires qui, on le sent de plus en plus à Saguenay, n’ont pas toute la latitude voulue pour répondre aux conseillers municipaux. Ce qu’on a appelé la modernisation de la direction générale soi-disant pour rendre « plus favorable l’expérience citoyenne » ne donne pas jusqu’ici les résultats escomptés.
Si on s’était calmement parlé entre toutes les parties concernées, en grattant les fonds de tiroirs, on aurait facilement trouvé l’argent nécessaire pour éviter les échanges musclés dérisoires qui montrent un côté bien sombre de Saguenay au reste de la province.
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