Le journaliste, de façon générale, doit s’effacer devant les faits, mais je ne vois pas vraiment comment on peut faire lorsqu’on est convié à une conférence d’information pour se faire lancer des blagues comme celles offertes par Michel Potvin, mardi dernier.

Si les membres de la presse s’attendaient à être reçus par la mairesse, Julie Dufour, pour la plus importante mise au point de l’équipe en place depuis deux ans, c’est plutôt le conseiller municipal, président de la Commission des finances pour le conseil de ville de Saguenay, Michel Potvin, qui a pris le leadership de la rencontre.

En l’absence de la mairesse, en vacances, flanqué du conseiller responsable du comité des sports, Michel Thiffault et du directeur général de la ville, Gabriel Rioux, Michel Potvin nous dit qu’on abandonne le projet d’une réfection du centre Georges-Vézina au profit d’une construction neuve d’ici cinq ans au coût de près de 100 M$, en dollars de 2025.

Contradictions prodigieuses

La surprise était de taille d’autant que la mairesse, Julie Dufour, penchait, jusqu’ici, plutôt pour une rénovation que pour une bâtisse neuve. Le conseiller Michel Thiffault aussi d’ailleurs. On l’entend sur les ondes de TVA, en 2018 défendre avec fermeté le projet de rénovation et rejeter toute idée de construction neuve.

De même, alors que la mairesse assurait le printemps dernier que tout jumelage avec des organismes privés était impossible, le projet présenté par Potvin laisse la porte ouverte à des partenariats privés.

Potvin lui-même disait récemment que le centre George-Vézina reste actuellement très fonctionnel et en bon état à 90%.

En outre, il n’y pas plus tard qu’un mois, la mairesse et le conseiller Potvin nous rappelaient que les finances de la ville étaient au plus bas et qu’il fallait que Québec apporte son aide.

Voici que mardi dernier, Michel Potvin nous apprend que le vent a tourné et que les finances de la ville sont redressées. On ne rencontre plus aucun problème à contribuer financièrement à cette nouvelle infrastructure moderne qu’on nous présente comme la trouvaille du siècle.

Pelletage de nuages

On aurait bien voulu en savoir un peu plus sur cette construction neuve. Qui va payer? Le gouvernement fédéral, le provincial et un peu de privé? Une glace, deux glaces? Piscine ou pas? Avec décret ou pas de décret? Quelle sera la part de la ville?

Pas de plan et devis, pas de réponses à toutes ces questions, si ce n’est qu’on admet que le projet n’est pas encore défini, mais qu’il y aura 4 500 places assises et que ça coûtera 94,3 millions $.

Bref, on nous lance un projet mal ficelé et inapplicable qui doit voir le jour après la fin du présent mandat des membres du conseil de ville actuel. La prochaine administration devra se débrouiller pour concrétiser cette promesse irréaliste.

Réflexe de colonisés

Mais il faut croire Michel Potvin sur parole puisque c’est un économiste de l’extérieur de la région qui le dit. Comme tout ce qui se fait à Saguenay depuis que la mairesse est en place, ce qui vient d’ailleurs est meilleur : Directeur-général, avocats, un économiste expert en construction et maintenant une firme d’estimation et de modélisation.

Ce réflexe de colonisés nous laisse croire qu’on reste accroché à nos réflexes de soumis comme durant l’époque de la Grande noirceur sous Duplessis.

Et le milliard promis par le conseiller Potvin d’ici neuf ans qui coûtera 2% de plus au contribuable sur sa facture de taxes? Il faudra sans doute rechercher les conseils d’un spécialiste de la finance de Montréal ou d’ailleurs pour nous l’expliquer?