Plus de doute possible, rien ne va plus entre la mairesse de Saguenay, Julie Dufour, et le bureau de la députée ministre Andrée Laforest. Cette dernière a offert une opportunité fort intéressante pour régler le dossier d’un complexe sportif tout inclus dans l’arrondissement de Chicoutimi, mais plutôt que de s’en réjouir, la mairesse de Saguenay s’en offusque.
À l’occasion d’une rencontre dans les bureaux d’une firme d’architectes la ministre Laforest a présenté un projet amphithéâtre sportif évalué à plus ou moins 30 millions$. La ministre des Affaires municipales, a même confirmé que le gouvernement provincial contribuerait à la hauteur de 20 millions$. Saguenay s’en tirerait avec une contribution de 10 millions$.
La mairesse, accompagnée de deux de ses conseillers, Marc Bouchard et Michel Potvin, en présence du député fédéral, Richard Martel, a gardé sa réaction pour la rendre publique le lendemain en dénonçant ce qu’elle croit être de l’ingérence.
Ingérence
Ça réaction rappelle l’accusation d’ingérence de Bernard Landry à l’égard du gouvernement fédéral lorsque le PM, Jean Chrétien, avait offert de débourser 300 millions$ pour la route du Parc des Laurentides à condition que Québec en mette autant. Finalement, un décret de Québec a permis que le fédéral débourse la majorité des montants pour réaliser cette route à quatre voies divisées tant attendue au Saguenay.
La mairesse Dufour n’admet pas non plus qu’on joue dans le champ de compétence des municipalités assurant que son projet d’un complexe sportif complètement neuf sera plutôt réalisé dans six ou sept ans quand la prospérité sera revenue à Saguenay. On peut admirer son optimiste, mais faudrait savoir d’où il lui vient.
Opposition
En tout cas cette soudaine vue de l’esprit ne semble pas partagée par tous les conseillers. Elle fait même sortir le conseiller représentant de l’ERD, Marc Bouchard, de ses gongs. Lui généralement plus effacé, questionne l’attitude de la mairesse qui ne semble pas se préoccuper de l’opinion des conseillers autour de la table.
De même, le conseiller responsable du comité des finances, Michel Potvin, ne se montre guère plus enthousiaste à l’idée de rejeter du revers de la main le plan de la ministre Laforest. Potvin avait lui-même déjà présenté un plan de rénovation du même acabit, une semaine plus tôt.
Objectif louable
Bien que je doute que les 30 millions$ proposés puissent suffire à la réalisation d’un complexe aussi élaboré que celui présenté par la ministre Laforest, il faut se montrer réaliste. Québec a annoncé, par la voix de sa ministre Isabelle Charest, un programme d’aide aux infrastructures récréatives sportives et de plein air pour lequel les villes ont jusqu’au 21 septembre pour proposer des projets pouvant s’inscrire à ce programme. Il s’agit d’une première enveloppe de 300M$. La ministre Laforest a plusieurs fois averti Saguenay de se positionner et de présenter une demande relative à des projets dans l’arrondissement de Chicoutimi.
Devant l’inertie de la ville de Saguenay, la ministre et aussi députée de Chicoutimi à l’Assemblée nationale, a proposé ce projet fort attrayant et surtout plus réaliste que celui d’un tout nouvel amphithéâtre qui, sans même la piscine, dépasserait largement le 100 M$.
Alimenter l’adversité
Difficile d’expliquer l’attitude de la mairesse de Saguenay, mais sur le plan politique, il vaut mieux compter dans sa plateforme électorale des réalisations concrètes que des vagues promesses d’un futur florissant. Pour l’heure, avec le soccerdôme, la piscine (chauffée) de Kenogami, le Parc de la rivière aux sables, le stade de baseball et le Patro, dans l’arrondissement de Jonquière, elle s’assure une part de sympathie des électeurs de cet arrondissement. Mais pour le reste, avec son attitude réfractaire envers tout ce qui vient de Chicoutimi et sa façon d’aborder le problème d’eau contaminée à La Baie, sa réélection est loin d’être assurée.
Pire, elle procure des armes à ses éventuels adversaires parmi lesquels pourrait se retrouver un de ses proches conseillers, le responsable des finances, Michel Potvin, qui avait fait le même coup à la précédente mairesse, Josée Néron. Et puis, laissez passer une opportunité de cette façon, n’augure rien de bon pour d’autres demandes de collaboration.
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