Il est tout à fait possible que malgré la contamination révélée dans certains puits approvisionnant les secteurs de l’arrondissement de La Baie, l’eau demeure tout de même potable. Le directeur régional de la Santé publique, le dr. Donald Aubin, l’a encore une fois affirmé récemment au micro de la station du 92,5. Mais je resterais réticent à en boire j’interdirais à mes enfants de le faire aussi.
Parce que ce qui se passe dans le berceau de la région n’a rien de rassurant. Si même les autorités de la ville décident de distribuer de l’eau, c’est que des doutes persistent.
La Baie plus polluée
Il aura fallu qu’un projet de recherche lancé par le professeur de chimie environnementale de l’université de Montréal, Sébastien Sauvé, soit dévoilé publiquement pour qu’on apprenne qu’une partie de la population de La Baie s’abreuve à une source contaminée. En fait, l’étude conclut que la plus grande concentration de polyfluoroalkylées (PFAS) des 376 municipalités d’où proviennent les échantillons se trouve à La Baie.
Pourtant, les dirigeants de la ville de Saguenay connaissaient déjà depuis quelques mois les résultats de cette enquête.
Même que le phénomène de la pollution par les PFAS est connu à Saguenay depuis 2011. Les responsables de la base militaire de Bagotville avaient alors rassuré les autorités politiques municipales de l’époque à l’effet qu’on avait mis fin à l’utilisation de la mousse extinctrice, en grande partie responsable du répandage de ce produit toxique.
À l’époque, Saguenay avait entrepris des études pour trouver une solution visant à contourner le secteur de la base de Bagotville. L’une des conclusions de ces études recommandait de brancher le secteur de La Baie à une autre source d’approvisionnement en eau potable. On visait alors une nappe phréatique traversant le secteur Laterrière. Non seulement les coûts de ce projet, comprenant une autre usine de filtration, approchaient la centaine de millions$, mais l’acceptabilité sociale n’était pas au rendez-vous.
Responsabilité admise
Difficile politiquement de justifier un tel investissement pour un seul secteur de l’arrondissement de La Baie. Sauf que le gouvernement canadien, propriétaire de la base militaire de Bagotville, admet publiquement sa responsabilité. Même que le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, en visite à Saguenay, a promis qu’il ferait partie de la solution et il faut qu’elle soit permanente.
La municipalité, avec l’appui de Québec, doit talonner le gouvernement fédéral jusqu’à ce qu’on obtienne la garantie d’une aide financière à la hauteur des craintes soulevées par la présence de cette pollution envahissante.
Solution à proximité
Le conseil municipal vient d’accorder six millions$ en régie pour filtrer à court terme les eaux acheminées vers l’arrondissement de La Baie. Pourtant, à proximité de la ville de Saguenay se trouve une compagnie spécialisée dans la décontamination. L’entreprise RSI Environnement de Saint-Ambroise, souvent appelée pour décontaminer les sols des bases militaires à travers tout le Canada, demeure l’une des seules au Canada à pouvoir détruire définitivement les contaminants avec une technologie choc.
Alors pourquoi se contenter d’une solution temporaire? La réponse semble si proche et ce genre d’hésitation contribue à garder la population dans l’inquiètude. Lorsqu’il s’agit de la santé publique, on doit intervenir promptement, la contamination ne prend pas de vacances, elle.
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