La situation est inquiétante. De plus en plus de Québécois doivent se résoudre à fréquenter les services d’aide alimentaires. C’est ce dont fait état le Bilan-Faim 2024, réalisé par les Banques alimentaires du Québec, qui révèle qu’entre le 1^er et le 31 mars 2024, ce sont 2,9 millions de demandes d’aide qui ont été faites auprès des différentes banques alimentaires du Québec.  

Il s’agit du plus grand nombre de demandes jamais enregistré dans l’histoire des Banques alimentaires du Québec. Dans la région, la hausse des demandes s’est drastiquement accélérée au cours de la dernière année. En mars 2024, ce sont 75 921 demandes d’aide alimentaire ont été recensées au Saguenay-Lac-Saint-Jean, comparativement à 59 830 en mars 2023.  

Ayant vu venir cette augmentation des besoins, Moisson Saguenay-Lac-Saint-Jean s’était bien préparer dans la dernière année. « En 2023, on savait que l’augmentation allait être fulgurante dans la prochaine année. Donc, pour répondre à cette demande, toute notre équipe a rencontré des fournisseurs pour les solliciter davantage afin de pouvoir approvisionner nos organismes de partout dans la région. Un gros travail a été fait et nous a permis de récupérer 60 % plus de denrées qu’en 2022 et qu’en 2023 », explique le directeur général de moisson Saguenay-Lac-Saint-Jean, Yanick Soumis.  

Tout ce travail n’aura pas été vain puisque les 104 organismes accrédités par Moisson Saguenay-Lac-Saint-Jean ont été en mesure de répondre en grande partie à la demande. Ces efforts ont également permis d’éviter une pénurie de denrées, une situation à laquelle plusieurs banques alimentaires du Québec ont été confrontées au cours de la dernière année. 

Une clientèle qui change 

La clientèle des banques alimentaires s’est également beaucoup élargie. Plus que jamais, les gens proviennent dorénavant de toutes les strates de la société. « Avant la pandémie, on retrouvait principalement les gens qui recevaient des prestations d’aide sociale. Mais aujourd’hui, c’est beaucoup plus large que ça. On voit de plus en plus d’étudiants, de personnes âgées, et même des travailleurs. » 

De fait, en mars 2024, 24,2 % des personnes qui ont recours à une banque alimentaire au Saguenay-Lac-Saint-Jean avaient un emploi comme principale source de revenus. « La crise du logement y est pour beaucoup, tout comme l’inflation. Le problème, c’est que le logement, c’est un budget non compressible: on ne peut pas couper dans ce budget-là. Contrairement à la nourriture, où les gens coupent souvent. Tant et aussi longtemps que la crise du logement abordable ne sera pas réglée, on va voir des gens se retrouver dans les comptoirs de dépannage alimentaire. » 

L’avenir ne semble pas beaucoup plus rose alors qu’aucun signal de ralentissement des demandes n’a été détecté récemment. Même qu’une hausse est encore envisagée dans la prochaine année, si bien que Moisson Saguenay-Lac-Saint-Jean travaille encore d’arrache-pied pour augmenter sa collecte de denrées.