Dans son second livre où il raconte ‘’ses histoires’’, l’ex-premier ministre canadien, Jean Chrétien, qui revient sur ses nombreuses rencontres avec les plus grands à travers le monde réserve cependant une page au premier ministre du Québec, François Legault à propos de l’avenir du gaz naturel.
Il écrit :’’ Peut-être que le premier ministre du Québec François Legault a fait une erreur en parlant du « pétrole sale de l’Alberta ». Par contre il s’est montré très favorable à la construction d’un pipeline amenant le gaz naturel de l’Alberta vers le port de Chicoutimi (sic) et à l’établissement d’une grande usine de liquéfaction du gaz, qui ouvrira un nouveau marché pour les producteurs de l’Ouest. »
Il écrivait ceci en août 2019 à la page 155 de son deuxième volume. C‘était en plein travaux du Bureau d’audiences publiques au sujet du projet GNL; mais avant que le ministre de l’Environnement et des Changements climatiques, Benoît Charrette, viennent définitivement mettre un terme à des années de tergiversations en rejetant le projet le 23 juillet 2021.
Est-ce que Jean Chrétien aurait mal cité François Legault? Ce serait étonnant vu que ce vieux routier de la politique y met beaucoup de rigueur. Une telle erreur enlèverait trop de crédibilité à ‘’ses histoires’’; comme une tache de Ketchup sur une robe blanche. À la fin, on ne voit plus que la tâche.
Influences
Il faut plutôt chercher ailleurs. L’instinct politique de François Legault a pris le dessus. En bon calculateur, il a vite compris qu’il tirerait davantage de gain politique en donnant raison aux opposants montréalais qu’en défendant l’accessibilité sociale des électeurs du Saguenay.
Il serait intéressant de savoir ce qu’il en pense aujourd’hui dans le contexte de cet affrontement entre le Goliath russe et le petit David ukrainien. Une guerre qui nous révèle toute l’importance du gaz naturel pour les pays d’Europe, une source d’énergie essentiellement fournie par la Russie et qui vient gonfler les coffres de son dictateur qui laisse planer la menace de fermer les robinets au reste de l’Europe.
Le gouvernement Trudeau aussi a fermé la porte au projet GNL, mais en précisant que d’autres projets du même type se développent ailleurs au Canada. Le ministre de l’Environnement du Canada, Steven Guilbeault, précisait cependant que cette décision n’empêche pas de soumettre de nouvelles propositions de projet et n’exclut pas tout développement potentiel.
Effectivement, le gouvernement Trudeau soutient un projet semblable à celui de GNL (14 milliards$) en Colombie-Britannique alimenté à même le controversé gazoduc Coastal Gaslink. Dans la même province, le projet Ksi Lisims (LNG) est en cours d’évaluation.
Et plus près de nous, en Nouvelle-Écosse, on envisage aussi la construction d’une usine de liquéfaction du gaz naturel (LNG). Sa réalisation nécessiterait la construction d’un nouveau gazoduc qui traverserait le territoire de plusieurs municipalités du sud du Québec. Et le premier ministre du Québec, François Legault, s’est déjà dit ouvert à ce projet de gazoduc.
Avant même que la Russie envahisse l’Ukraine, l’Union Européenne venait de proposer de considérer le gaz naturel comme étant une énergie nécessaire pour « décarboniser » l’économie. Déjà des ententes se discutaient pour hausser les exportations du Canada vers l’Europe. Difficile, dans le contexte du conflit actuel, de justifier la décision de nos décideurs de mettre une croix sur le projet de port méthanier. Des voix doivent s’élever chez nous pour remettre à jour la réalisation de ce méga projet dont les retombés nous apparaissent aujourd’hui essentielles, nos seulement sur le plan économique, mais aussi pour l’atteinte de nos objectifs environnementaux.
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