ÉDITORIAL - En refermant le livre ‘’Le Conseiller principal’’ de Ghislain Harvey, je me suis dit : je dois le tenir bien en vue pour y revenir à l’occasion. Il s’agit d’un relevé d’histoire qui nous rappelle que la mémoire demeure une faculté qui oublie et qu’en politique l’adage se vérifie à tous les jours.
L’auteur revient sur des réalisations de l’administration du maire de la fusion, Jean Tremblay. Forcément, il en occulte volontairement parce qu’il aurait fallu dépasser largement les quelque 300 pages écrites bien serrées et en toute petites lettres.
Des réalisations
On y reconnaît le style feutré de son co-auteur, Carol Néron, l’ex-éditorialiste du Quotidien, en même temps que la rigueur et la concision de Ghislain Harvey, adepte de biographies de tous genres et fervent d’histoire. En y retraçant les grandes réalisations de 2000 à 2017, Ghislain Harvey entre dans les détails de l’exécution des projets d’une administration municipale.
Comment et pourquoi chercher des projets à réaliser dans une municipalité ? Où trouver les fonds nécessaires? À quelle porte frapper pour y parvenir? L’auteur met l’accent sur ce qui lui apparaît comme l’outil de développement par excellence : Promotion Saguenay.
Cet organisme, constitué d’un conseil d’administration d’une vingtaine de gens d’affaires bénévoles, a présidé à la réalisation des grands projets qu’a connus Saguenay. La construction de barrages d’hydroélectricité, les bateaux de croisières, la voie ferroviaire pour accéder au port de Grande-Anse, le réaménagement de l’accès et la rénovation de l’aéroport de Bagotville, la nouvelle usine de filtration de Jonquière (ne pas confondre avec l’usine de traitement des eaux usées annoncée pour 2024) et les grands projets comme GNL, First Phosphate, Arianne Phosphate et BlackRock.
Arthur Gobeil le redresseur
Sans que l’auteur soit explicite, on comprend que le changement d’administration à l’hôtel de ville, en 2017, reléguait dans l’ombre Promotion Saguenay et tous les projets encore sur la table à dessin. La nouvelle mairesse, Josée Néron, en y déléguant Arthur Gobeil (pourtant l’un de ses adversaires dans cette course à la mairie) s’assurait que l’organisme auparavant dirigé par Ghislain Harvey, perde toutes ses lettres de noblesse.
Tant et si bien que l’intervention de Gobeil a étouffé l’enthousiasme d’une équipe solide rapidement démantelée et repliée sur elle-même.
Mandat de décroissance
Dans ‘’Le Conseiller principal’’, l’auteur se contente de mettre son lecteur en face des faits, mais quand on se prête à l’analyse, on constate que le mandat de l’Équipe du renouveau démocratique n’a en réalité que géré la décroissance. Et malheureusement, l’équipe actuelle de la mairesse Julie Dufour ne fait guère mieux.
Le dernier sondage SOM-Le Quotidien-KYK l’a confirmé. Les électeurs ont carrément perdu confiance en l’administration municipale actuelle très divisée où les seules augmentations notables sont celles des salaires à tous les niveaux.
On resserre le budget et on propose des solutions ridicules comme ce 2% supplémentaire (qui ne cumulerait même pas un million$ en sept ans), dixit le responsable des finances, le conseiller Michel Potvin. Par contre, on réserve 1,6 M$ pour un plan de modernisation de la direction générale. En fait, on embauche des cadres supplémentaires en plus d’une ressource qui gonflera le budget des dépenses.
Les lecteurs du livre récemment publié aux éditions Septentrion refermeront l’ouvrage avec un brin de nostalgie à l’égard de l’administration Tremblay qui n’aurait jamais validé de semblables plans de redressement des finances publiques.
Bien sûr, on doit de toute façon se tourner vers l’avenir, mais rien n’est garanti eut égard au passé récent.
Il reste deux ans à l’équipe en place pour redonner à Saguenay son dynamisme des beaux jours. Rétablir les ponts avec la ministre régionale fait partie des priorités mais, avant tout, il faut retrouver l’unité autour de la table du conseil.
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