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ENTREVUE AUDIO INTÉGRALE et TEXTE: Kidnappé, un saguenéen revient au pays...24h après son départ

André Deschênes
22 décembre, 2022
Michel en avait long à dire sur sa mésaventure. Le journaliste et animateur du 92,5 CKAJ, André Deschênes, a recueilli ses propos. (photo: A Deschênes)

Entrevue de Michel, INTÉGRALE de 17 minutes, accordée à André Deschênes en audio ci-dessous, suivi du résumé textuel

Nous l’appellerons Michel, de Saguenay. Dans la fin cinquantaine, grand adepte de voyages devant l’éternel avec plus de 150 voyages à son actif, l’homme avait planifié un voyage de deux mois, avec départ le 13 décembre dernier en direction de Punta Cana. À son arrivée à l’aéroport de Punta Cana  vers 15 heures, l’expérimenté voyageur s’asseoit à l’avant dans le Honda Civic 4 portes d’un homme qui avait prétendu faire office de Uber Taxi. Et c’est peu de temps après que le cauchemar a commencé.

« Je me suis d’abord entendu avec lui monétairement pour qu’il me conduise à Boca Chica, localité que je connais bien et qui fait partie des environs de Santo Domingo, située à environ 184 km de l’aéroport », de nous raconter le voyageur qui parle aussi couramment l’espagnol.

« Un peu plus tard, alors que nous roulions, il me dit qu’il veut s’arrêter en chemin pour se soulager d’un besoin naturel. Il sort de l’autoroute, et donne suite à son envie un peu plus tard. Mais comme j’attends son retour dans le véhicule, j’entends la portière gauche arrière s’ouvrir, puis la mienne également, et deux autres hommes armés de pistolets font irruption dans le Civic, m’immobilisent, m’attachent ensuite les mains avec des menottes, entre autres avec la poignée située en haut de ma porte. Mon « gentil » chauffeur se joint alors à ses deux complices, les trois m’agressant physiquement.

Puis, un des deux s’assied sur moi pour s’assurer que je reste tranquille, brandissant son pistolet sur ma tempe, alors que l’autre a aussi brandi le sien presque simultanément. Puis mon « gentil » chauffeur reprend la route avec ses deux complices et moi, sans que je puisse deviner ce qu’il adviendrait de la suite ». Le voyageur, qui possède une bonne constitution physique, s’est défendu, mais à trois contre un le combat était carrément inégal.

Les trois ravisseurs font part alors de leurs demandes à notre saguenéen: ils veulent son cellulaire, ses codes, ses accès à ses comptes bancaires, ses cartes de crédit et bancaires. Menotté, immobilisé, puis les yeux bandés, Michel obtempère mais, malgré cela, il constate que les malfaiteurs ne parviennent pas à accéder à ses comptes bancaires, à son compte PayPal, et à ses applications de cryptomonnaie, notamment. « Un des malfaiteurs voulait aller s’acheter du vin avec ma carte, là non plus il n’a pu rien faire ».

Menaces

Et c’est alors que le trio, exaspéré, a commencé à formuler ses premières menaces en espagnol, à peine voilées. « Donne-nous tes accès, sinon tu pourrais devenir aveugle, m’ont-ils dit. Ils ont même tenté d’utiliser la reconnaissance faciale de mon cellulaire, mais avec ma position, mes yeux bouffis quand ils m’ont retiré mon bandeau, mon air fatigué, bref…là non plus ça ne fonctionnait pas ».

Une semaine après la mésaventure, les traces laissées par le long menottage de six heures tardent à guérir. Michel garde tout de même le moral.

Dénouement

Au bout de six heures ainsi pris en otage, vers 21h30, les ravisseurs ont fini par relâcher Michel, sur un chemin isolé, dans la noirceur, avec comme seul objet son passeport. « Je leur avais demandé de me relâcher, de prendre tout ce qu’ils voulaient – incluant les cadeaux que j’avais amenés pour mes amis là-bas - mais de me laisser mon passeport, car je voulais surtout rentrer chez moi. Sans papiers, j’aurais pas pu rentrer », d’expliquer le quinquagénaire, qui a pu demander du secours, et se réfugier au poste de police. Michel parle aussi avec émotions de ce samaritain dominicain qui l’a secouru sur la route, qui lui a donné 50$ américains, alors qu’il croyait, en état de choc, que c’était 50 pesos (NDLR équivalant un peu moins de deux dollars).

« Puis je me suis rendu compte de retour au pays 24 heures plus tard du montant…50$ américains, c’est l’équivalent d’une paye hebdomadaire pour ce travailleur dominicain », de raconter Michel, les yeux dans l’eau. « Il m’en faisait cadeau, ne voulait pas que je lui redonne. Mais je l’ai retracé…et je compte bien le rembourser, bien plus que le 50$ ».

Émouvant support universel

Le voyageur souligne au passage tous ces gens qui l’ont aidé, entre autres Air Canada, une dévouée agente de voyages aussi… « Suzanne, qu’elle s’appelle…je ne l’oublierai jamais, c’est près d’elle que j’ai pleuré chaudement pour la première fois après mon enlèvement », tout en soulignant l’aide de son fournisseur de cellulaire, et de plein de gens qui l’ont aidé dans sa malchance.

Michel s’estime chanceux de revenir avec tous ses morceaux. « On m’a dit là-bas que j’étais le deuxième à subir cette mésaventure, que j’aurais pu y rester si ces gars avaient été plus violents ». L’enquête dominicaine suit son cours, alors que des images vidéos de l’entrée A de l’aéroport de Puinta Cana lors du 13 décembre pm sont scrupuleusement étudiées, dans l’espoir d’y identifier le fameux Honda Civic et son propriétaire. Le fait que les malfaiteurs aient été incapables de se servir des codes et accès de son cellulaire serait attribuable en partie à la carte SIM que Michel avait changée avant de partir en voyage, pour en installer une de la République Dominicaine.

Conseils

« Si jamais vous prenez un chauffeur à partir de l’aéroport, SVP, prenez des photos de la plaque et de la voiture, envoyez cela ensuite, tout de suite à vos contacts », de conseiller Michel. « Ça pourrait aider ». Est-ce que cette fâcheuse mésaventure lui enlèvera son goût de voyager? « Non », répond-il spontanément. « Il y a encore de bonnes personnes en ce bas monde, j’ai confiance. Mais je serai plus prudent », conclut-il.

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