Devant une trentaine de personnes (si on compte les conférenciers et le photographe) rassemblées à l'Hôtel La Saguenéenne le week-end dernier, les leaders de l’Équipe du Renouveau Démocratique (et son unique représentant à la table du conseil de ville de Saguenay Marc Bouchard) n’ont pas remis en question l’avenir du parti. Au contraire, on a tenté de démontrer que cette formation politique demeure la solution pour l’avancement des dossiers à Saguenay.
La population saguenéenne a pourtant démontré, au cours des dernières élections générale de novembre à Saguenay, quelle rejetait le concept de parti politique sur la scène municipale. Le seul survivant de ce balayage, Marc Bouchard, a pu l’emporter à la suite d’un concours de circonstances.
Il se présentait dans le quartier acquis à la mairesse et présidente de l’ERD, Josée Néron; qui plus est, ses opposantes, bien que peu connues, revendiquaient près de 50% des votes contre 42,63% pour M. Bouchard.
Parti, c’est fini
Officiellement, les partis municipaux sont nés du désir de soulever l’intérêt des citoyens pour la cause municipale. En permettant de financer ces partis, le gouvernement du Québec voulait assurer l’existence d’une opposition afin de mettre fin aux gaspillages publics et aux malversations comme celles révélées par la commission Charbonneau.
Dès lors, il a été convenu que les candidats qui se présentent sous l’égide d’un parti ont droit à du financement jusqu’au tiers du budget du cabinet dévolu au cabinet du maire. À Saguenay, par exemple, l’ERD a droit à 350 000$ annuellement afin de monter une équipe pour fournir l’information et le support de recherche nécessaire aux représentants du parti.
Échec de l’intérêt populaire
Le concept en lui-même partait d’une bonne intention : raffermir l’action démocratique en suscitant des regroupements tournés vers l’action municipale. Si dans les grands centres la formule a semblé susciter un intérêt certain, l’adhésion à l’idée de base n’a guère donné de résultats ailleurs. Pas à Saguenay en tout cas, où la participation citoyenne n’a pas encore franchi le 50% en 2021 et encore moins à l’élection partielle du district 14 de La Baie où 34% des électeurs se sont présentés aux urnes. Et le seul parti inscrit, Unissons Saguenay, a terminé bon dernier.
Opposition déficiente
Les partis politiques peuvent jouer un rôle important à titre d’opposition officielle. Mais est-ce qu’un seul conseiller isolé parmi quinze peut se démarquer suffisamment pour influencer le cours des décisions?
On connaît la position de la mairesse au sujet de la transparence. La directive est sortie de façon officielle dans un communiqué émanant de son cabinet: « la seule personne pouvant parler au nom de la ville et pour la ville est la mairesse ». Dans ce contexte, le conseiller de l’ERD ne possède ni la légitimité, ni le tempérament pour transgresser ce dictat.
Rôle des médias
Les médias, les plus sérieux en tout cas, devaient en tout temps jouer le rôle de gardiens de la démocratie. Le bouleversement suscité par l’arrivée de la concurrence féroce des nouvelles plateformes numériques a tempéré les ardeurs. Certains ont dû vendre leur indépendance pour survivre dans ce contexte où la compétition reste inégale.
Alors que du temps où l’ERD formait encore une véritable opposition à l’hôtel de ville, elle pouvait donner l’occasion à certains médias régionaux de rappeler à l’ordre l’administration en place à propos du développement de la ville. À part Radio-Canada, qui jouit d’un financement public, et de certaines organisations financièrement indépendantes, peu de médias peuvent se permettre de transgresser la règle fixée par la nouvelle mairesse de Saguenay.
Épilogue
On le voit encore cette semaine, quand l’opposition fait défaut, on a droit à des débordements sur fonds de chauvinisme. Le principal sujet menant à une réaction publique de certains membres du conseil municipal se trouve à la rubrique varia : la présentation d’un nouveau logo pour les Saguenéens de la Ligue de hockey junior majeur du Québec.
Quand le projet de société d’une équipe municipale se résume à un changement de C pour un S, on ne peut guère espérer que la ville puisse connaître la prospérité dans un avenir raisonnable.
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