Quand on analyse l’embauche du nouveau directeur général de la ville de Saguenay, Gabriel Rioux, on se croirait plongé dans un roman de John Grisham. La période se situant au début du congédiement à titre de dg de la MRC de Drummondville, le 1^er février 2022 jusqu’à son embauche le 1^er octobre 2022 ressemble aux intrigues habilement mises en scène par Sydney Pollack.

Sauf que si M.  Rioux semble aussi irréprochable que le héros de La Firme, son cheminement de même que l’empressement à l’engager soulèvent certains questionnements. Au premier titre, pourquoi mettre sous contrat un nouveau dg alors que celui présentement en place possède une entente contractuelle jusqu’au mois de décembre 2023?

Démotivation

Plus encore, comme si à Saguenay on ne pouvait trouver de professionnels aptes à trouver une personne compétente pour trouver un successeur au dg de Saguenay, l’administration municipale fait appel à une firme de Gatineau.  Et, sans présumer de l’effet démotivant de sa décision, le conseil de ville choisi quelqu’un hors de la région, jugeant qu’aucun gestionnaire à l’emploi de la municipalité ne pouvait remplir cette tâche.

Pourtant, si on regarde un peu en arrière, l’actuel dg, Jean-François Boivin, est issu des ressources internes. Sous sa direction, jusqu’en 2017, la municipalité a connu les projets les plus importants des 20 dernières années.

Décision quasi unanime

De ce qui ressort de source fiable, cette décision d’embauche précipitée a été prise sans discussion, et quasiment à l’unanimité. Seul un conseiller, Serge Gaudreault, a osé voter contre la recommandation de la mairesse Dufour. Mais le gros bon sens ne fait pas toujours le poids devant l’étalage de diplômes.

Comment expliquer que l’opposition officielle à l’hôtel de ville de Saguenay représentée par le conseiller de l’ERD, Marc Bouchard, n’ait pas senti le besoin d’intervenir pour en connaître un peu plus sur le cheminement de cette embauche? Pourquoi un conseiller, ex-syndicaliste aguerri comme Jean-Marc Crevier, se tait dans la discrétion la plus complète?

Compétence vs expérience

Le candidat choisi par Saguenay, Gabriel Rioux, n’a pas caché qu’il avait déposé une plainte devant le tribunal administratif du travail (TAT) afin de contester son congédiement par la préfète et mairesse de Drummondville, Stéphanie Lacoste. Après son embauche par Saguenay, il a réglé ce litige hors cours, comme pour effacer toute trace de ce malentendu.

Son ex-patron, Alain Carrier, le maire suppléant de Drummondville qu’on a nommé temporairement après la démission du maire Cusson en 2020, assure que M. Rioux possède toutes les compétences et la probité requises pour occuper cette fonction. M. Carrier n’a jamais reçu l’approbation populaire pour conserver son siège de maire parce que vaincu par la mairesse actuelle, Mme Lacoste, en novembre 2021. Quand on parcourt les médias de Drummondville au sujet de sa défaite contre Mme Lacoste, il est difficile de croire à son parfait désintérêt dans cette affaire.

Quant au désistement de M. Rioux devant le TAT, les juristes dignes de ce nom vous diront que maintenant que tout préjudice est disparu après son embauche, ne restait plus beaucoup d’arguments pour convaincre la Cour des effets négatifs de son congédiement.

Dépenses inhérentes

L’embauche d’un dg supplémentaire pour accompagner le dg actuel jusqu’en décembre 2023 en plus de l’embauche d’une directeur général adjoint jusqu’à la retraite du dga en place jusqu’en juin 2023 coûtera cher à la ville de Saguenay. En cette période de crise inflationniste où les revenus de la ville se contractent au même rythme que ceux des contribuables, rien ne peut justifier cette attitude complaisante de nos élus à l’égard d’une décision aussi spontanée que discutable.